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ailes de cavalerie. Les cohortes auxiliaires[1] étaient des unités tactiques distinctes, composées de cinq cents à mille hommes, avec leur commandant, le tribun ou chiliarque. Rome ne répugnait pas à lever dans une province procuratorienne les troupes qui devaient y maintenir l’ordre. En Judée ce recrutement avait quel que chose de paradoxal. Les Juifs tenaient absolument au privilège que leur avait concédé Jules César, de n’être pas soumis à des levées de troupes « Personne, magistrat, préteur ou légat, ne pourra lever sur le territoire juif des troupes auxiliaires[2] ».

Il en résultait donc que n’ayant plus de princes à eux en Judée, ils avaient cessé de faire partie de l’armée. C’était renoncer à se défendre eux-mêmes, se condamner à une infériorité notoire dans une région qu’ils n’étaient pas seuls à habiter : ainsi les chrétiens exempts du service militaire sous le régime des Turcs.

Où Rome pouvait-elle donc recruter ses auxiliaires ? Parmi les Samaritains, ces ennemis héréditaires des Juifs, et autres étrangers fixés en Judée.

Nous avons rencontré au temps des troubles après la mort d’Hérode un corps de Sébasténiens, infanterie et cavalerie, de trois mille hommes. Ce sont bien ceux-là qui reparaissent en 44 ap. J.-C., sous le nom de Césaréens et de Sébasténiens[3], cinq cohortes (de cinq cents hommes) et une aile de cavalerie (aussi de cinq cents hommes), donc en tout trois mille hommes, et qui témoignèrent une joie indécente à la mort d’Agrippa, le regardant plutôt comme le roi des Juifs que le leur. Josèphe n’a pas tort de voir dans cette organisation étrange le germe de la guerre de l’insurrection. Cumanus lança contre les Juifs les cohortes Sébasténiennes, et distribua encore des armes aux Samaritains pour les combattre. Leur privilège les avait mis à la merci de leurs adversaires, et ils ne pouvaient compter que les Romains leur donneraient toujours raison. A la fin ils comprirent qu’ils devaient eux-mêmes lever une armée.

Il serait cependant étrange que les Romains n’aient eu d’autres troupes en Palestine que ces cohortes d’indigènes si peu sûres que Claude avait déjà voulu les éloigner, ce qui fut exécuté par Vespasien[4].

On est donc disposé d’avance à accueillir le renseignement que nous donnent les Actes de la présence à Césarée d’une cohorte italique (Act., x, 1).

  1. C’est toujours dans ce sens que nous parlerons des cohortes ; on nommait aussi cohorte une division de la légion.
  2. Ant., XIV, x, 6 καὶ ὅπως μηδεὶς μήτε ἄρχων μήτε ἄρχων μήτε στρατηγὸς ἢ πρεσβευτὴς ἐν τοῖς ὁρίοις τῶν Ἰουδαίων ἀνιστᾷ συμμαχίαν, d’après le texte préféré par Schürer ; Niese lit ἀνιστάς κ. τ. λ.
  3. Ant., XIX, ix, 2.
  4. Ant., XIX, ix, 2.