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de l’évangile, et que le second, s’il y est nommé aussi pour sa ville de Césarée, est déjà placé en dehors du cadre du Judaïsme.


§ 3. — La Judée et la Samarie province romaine. Le recensement.


Nous dirons désormais la Judée, pour désigner l’ancien territoire d’Archélaüs, qui comprenait la Samarie, et aussi l’Idumée extension méridionale de la Judée. C’est tout ce territoire qui devenait province romaine, c’est-à-dire était incorporé à l’empire — à vrai dire il y était déjà englobé — pour être administré directement par un fonctionnaire impérial. Avant de dire dans quelles conditions, nous devons nous arrêter au fait initial de l’annexion et à la révolte qui l’a suivi.

Les Juifs, les Samaritains, les tribus encore nomades du sud de la Judée, comprirent que l’annexion était un fait accompli lorsqu’ils virent apparaître un très haut magistrat, le légat d’Auguste chargé de gouverner la Syrie, qui installa chez eux un fonctionnaire d’un moindre rang, auquel on donnait le nom de Procurateur.

Le légat était P. Sulpicius Quirinius, le procurateur Coponius. On connaît ces faits par le récit de Josèphe[1], dont tous les mots portent : « Quirinius, membre du sénat, qui, par toutes les magistratures, s’était élevé jusqu’au consulat et qui jouissait d’une considération peu commune, arriva en Syrie où l’empereur l’avait envoyé pour rendre la justice dans cette province et faire le recensement des biens. On lui avait adjoint Coponius, personnage de l’ordre équestre, qui devait gouverner les Juifs avec pleins pouvoirs ».

Quirinius fit donc le recensement en Judée, et le termina en la trente-septième année de la bataille d’Actium (2 sept. 31 av. J.-C.). Cette année chevauche sur les années 6 et 7 ap. J.-C. Comme le recensement dura sans doute assez longtemps, et qu’Archélaüs, d’après Dion, fut déposé en l’an 6, il est plus à propos de parler du recensement de l’an 7. Cette opération ne doit pas être confondue avec le cens romain, quoiqu’elle ait été une application de la même conception du gouvernement, dans la mesure où la nouvelle organisation pouvait être modelée d’après l’ancienne.

Le cens romain avait un triple but : utilitaire, moral et religieux. La république romaine, même agrandie sur des états immenses, était toujours conçue comme une cité, à laquelle il importait de savoir combien elle comptait de citoyens, sa seule force sûre, le noyau solide de ses armées, et quelles étaient leurs ressources en vue de contribuer aux dépenses

  1. Ant., XVIII, i, 1.