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Rome, et saint Luc a peut-être conservé un écho de ses vengeances[1]. La répression de l’insurrection qui ouvrit son règne est d’un faible que la peur rend violent. Bâtisseur comme son père, selon que le permettaient ses moyens, il fonda dans la plaine de Jéricho une ville de plaisance qu’il nomma de son nom Archélaïs, au lieu d’en faire hommage à quelque personne de la maison impériale, à l’instar de Livias, devenue Julias et de Tibérias d’Antipas, ou de la Julias de Philippe. Aucun indice qu’il ait recherché la faveur d’Auguste. Ses monnaies portent son nom d’Hérode, sans aucune politesse envers le gouvernement impérial[2].

Il affecta sans doute comme Hérode de ménager les convictions religieuses des Juifs. Cependant il épousa Glaphyra, veuve de son frère Alexandre, dont elle avait eu des enfants. Josèphe a eu soin de noter que ce mariage était contraire à la Loi[3].

Il n’a rien de plus à nous dire sur le couple royal que deux songes prophétiques leur annonçant une mort prochaine. Il les avait recueillis sans doute des Esséniens[4], et il a tenu à les « citer en faveur de l’immortalité de l’âme et de la Providence divine »[5], croyances communes aux Esséniens et aux Pharisiens.

Pas plus qu’Hérode, Archélaüs ne pouvait songer à revêtir le souverain pontificat. Mais il en disposa librement, en remplaçant Joazar compromis dans la révolte par son frère Éléazar, et celui-ci par Jésus, fils de Sié. On ne sait comment Joazar se trouva de nouveau grand prêtre après la déposition d’Archélaüs[6].

Auguste, en effet, mécontent de ce personnage qui ne compensait pas une administration tyrannique par la prospérité du pays, accueillit une nouvelle dénonciation des Juifs, le fit empoigner comme un malfaiteur et comparaître à son tribunal. La cause entendue il l’envoya à Vienne en Gaule, ne lui laissant même pas ses biens personnels. C’est là qu’il mourut d’après Strabon[7]. Si donc saint Jérôme a pu parler de son tombeau près de Bethléem[8], c’est qu’on y avait transporté ses restes ou que, construit par lui de son vivant, il était demeuré vide. Nous n’avons pas à parler ici des deux tétrarques ses frères, Hérode Antipas († 39 ap. J.-C.) et Hérode Philippe († 34 ap. J.-C.), puisque le premier est déjà mêlé à l’histoire

  1. Lc xix, 27 : « Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant moi. »
  2. Hérode, Ethnarque, sans images, avec des emblêmes : galère, casque macédonien, etc.
  3. Lev., xviii, 16. Glaphyra, d’après Josèphe, était veuve. Mais Juba II de Mauritanie qui l’avait épousée lui survécut ; il l’avait donc répudiée ou elle-même avait provoqué le divorce.
  4. Le premier songe a été expliqué par l’Essénien Simon.
  5. Ant., XVII, xiii, 5.
  6. Ant., XVII, xiii, 1 ; XVIII, i, 1.
  7. XVI, 2, 45 (p. 765) : καὶ ὁ μὲν ἐν φυγῇ διετέλει, παρὰ δὲ τοῖς Ἀλλόβριξι Γαλάταις λαβὼν οἴκησιν.
  8. Onomasticon, éd. Lagarde, p. 101.