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la Judée était pleine de brigands, et dès que l’un d’entre eux avait réuni autour de lui une troupe de séditieux, il se proclamait roi et se lançait à l’assaut de sa nation »[1].

Ce n’est pas une révolte contre l’autorité romaine, qui n’est pas encore installée. Josèphe a noté, dans ce même endroit, qu’on évitait d’aborder les troupes romaines. Cependant on ne demande pas à se soumettre à elles comme l’ambassade des chefs. Il faut un roi ; un roi sauvera le pays du joug des fils d’Hérode et du joug romain. Quel est-il ? Nul ne le sait, mais quiconque prétend l’être a des chances, tant on est convaincu que le moment est venu où un roi, hier inconnu, sera le sauveur.

Varus s’intéressait peu à Sabinus, mais il ne pouvait abandonner sa légion. Il revint d’Antioche avec les deux légions qui lui restaient. Les Juifs de Jérusalem abandonnèrent la partie. Ils n’étaient pas en force et n’avaient pas de griefs contre Varus. Ils s’excusèrent même d’avoir été victimes plutôt qu’auteurs du soulèvement provoqué par des agitateurs étrangers à la ville. Sabinus s’était esquivé. Les lieutenants du gouverneur achevèrent de mettre l’ordre partout. La répression fut atroce. Deux mille personnes furent mises en croix[2]. Décidément l’intervention romaine coûtait cher à la nation.

La guerre porta le nom de Varus et ne fut pas oubliée des Juifs.


§ 2. — Archélaus ethnarque[3].


A son retour de Rome, Archélaüs acheva de disperser les bandes, spécialement celle d’Athrongès. Son gouvernement dura dix ans[4]. Nicolas de Damas ne revint pas de Rome où il mourut vers ce temps-là. Josèphe se trouva dépourvu de sa meilleure source et apparemment les autres firent aussi défaut, car il n’a retenu de ce règne que la note de tyrannie et de cruauté[5]. En cela Archélaiis était bien le fils d’Hérode, mais il n’avait pas été formé comme son père à l’école de l’adversité. Prince royal, élevé dans une cour opulente, nommé roi au berceau, il fut plus déçu que satisfait de la décision d’Auguste qui lui faisait entrevoir la royauté comme à un jeune garçon, s’il était bien sage. Il ne fit rien pour la mériter. Selon toute vraisemblance, il se montra impitoyable envers ceux qui l’avaient poursuivi de leur haine jusqu’à

  1. Ant., XVII, x, 8.
  2. Varus pour venger le centurion Areios et ses hommes fit brûler Emmaüs (Ant., XVII, x, 9) par ses habitants. Rien n’autorisait le traducteur à nommer cette ville « un village ».
  3. Ant., XVII, xiii, 1-4. Bell., II, vii, 3-4.
  4. Josèphe dit neuf ans dans la Guerre, dix ans dans les Antiquités. Cette dernière date est confirmée par Dion Cassius (LI, 21) si on l’entend de la 10e année, de 4 av. à 6 ap. J.-C.
  5. C’est aussi ce que suggère Mt. ii, 22.