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retournait à Antioche, non sans avoir laissé à Jérusalem une de ses trois légions, il rencontra Sabinus, qui se disait envoyé par l’empereur pour s’assurer des trésors royaux et des places fortes. Il lui conseilla de surseoir à toute mesure de ce genre. Lui parti, Sabinus poursuivit la mission qu’on lui avait donnée, ou dont il exagéra les termes, car c’était un rapace à courte vue, du type des seconds de Cassius ou d’Antoine. Il convoitait surtout le trésor sacré. Les Juifs résistèrent, et avec d’autant plus d’énergie que la fête de la Pentecôte avait de nouveau amené beaucoup de monde au Temple. Perchés sur les portiques, les Juifs accablèrent de pierres les soldats romains, et s’aperçurent trop tard que ceux-ci avaient mis le feu aux galeries. Le plus grand nombre périt dans les flammes ; ceux qui s’enfuirent étaient massacrés aux portes par les cavaliers de Sabinus. On fit main basse sur le trésor.

Mais les Juifs étaient en nombre, ils reprirent courage ; l’armée régulière hérodienne — sauf ceux de Sébaste — se joignit aux insurgés et vint assiéger Sabinus dans le palais. En même temps une anarchie spontanée éclate partout. Chaque région a son insurgé, avec ce trait commun que tous se déclarent rois et sont reconnus comme tels par leurs bandes. Josèphe ne dit pas un mot qui suggère l’impression d’une poussée de messianisme. Mais on sait combien il a tenu dans l’ombre ce phénomène, dont il réservait l’auréole aux Flaviens[1]. Alors que des princes, fils d’Hérode, se disputaient le pouvoir, qu’un faux Alexandre revendiquait les droits des fils de Mariamme et des Asmonéens en même temps que d’Hérode, la pullulation de ces rois de fortune, sans aucun titre personnel que leur force physique et leur audace, ne peut guère s’expliquer s’ils n’ont pas allégué un appel divin, une mission qui groupait autour d’eux des dévouements d’illusionnés, entraînés par une passion religieuse.

En Galilée, c’est Judas, fils d’Ézéchias, cette victime d’Hérode à ses débuts, qui s’installe à Sépphoris : il visait à une haute fortune, et même à la royauté[2].

Simon, ancien esclave d’Hérode, ceignit le diadème en Pérée, brûla le palais de Jéricho et livra une bataille en règle à la cavalerie hérodienne et aux Romains.

En Judée ce fut Athrongès, d’origine inconnue, qui couronné d’un diadème, réglait tout souverainement[3]. Il prit dans une embuscade à Emmaüs un centurion et quelques Romains.

Il y en eut encore d’autres, s’il faut en croire Josèphe : « A ce moment

  1. Bell., VI, v, 4.
  2. Ant., XVII, x, 5.
  3. Ant., XVII, x, 7.