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roi. Archélaüs craint alors de tomber sous le joug. On exigeait trop. Le trouble augmente dans les parvis du Temple où la foule est ranimée dans sa foi par la ferveur unanime de Juifs attirés de si loin. Archélaüs parlemente. On dédaigne ses envoyés. Il envoie une petite force armée. On la bouscule, on tue. Alors il engage toutes ses forces la foule résiste, puis succombe. Il y eut environ trois mille victimes. Nicolas de Damas a présenté ce fait comme une victoire de l’élément hellénique sur les Juifs[1]. Certainement l’élément étranger était considérable dans les troupes de confiance d’Archélaüs, et elles frappèrent les Juifs à cœur joie.

Le jeune prince n’avait plus de temps à perdre. Il confia l’administration à Philippe et partit pour Rome avec Ptolémée, ancien ministre des finances d’Hérode qui portait les comptes et le sceau royal, et avec le frère de celui-ci, Nicolas de Damas, qui ne lui était pas moins attaché.

Peu après Antipas prit le même chemin, ainsi que Salomé avec un groupe de parents. Les principaux des Juifs, ayant à leur tête ce qui restait de l’ancienne aristocratie, une cinquantaine de personnes, entendaient aussi recourir à César, ainsi que les représentants des villes grecques qui réclamaient leur ancienne indépendance comme au temps de Pompée[2].

Arrivée à Rome, Salomé se démasqua, et entraîna les autres parents. Archélaüs avait donc contre lui Antipas pour lequel plaida Antipater, fils de Salomé, et les villes grecques, sans parler des Juifs qui ne devaient parler que plus tard. L’habile Nicolas conseilla à son client de ménager son frère et de ne pas s’opposer aux Grecs. Dans son plaidoyer il s’appuya sur le droit. Celui d’Archélaüs était incontestable. Hérode était sain d’esprit en changeant son testament puisqu’il l’avait soumis à Auguste. La flagornerie fut égale dans les deux camps. Sans rien résoudre, Auguste laissa entendre qu’il se déciderait pour le droit.

Une deuxième réunion se tint dans le Temple d’Apollon, le dieu protecteur de la maison d’Auguste. Les Juifs tentèrent leur chance. Ils n’avaient pas à prendre parti dans la compétition entre les deux frères : ils les rejetaient tous deux. Ily avait parmi eux des Pharisiens, on le voit à l’âpreté de leurs plaintes contre la répression d’un mouvement dont ils avaient été les instigateurs[3], et aussi des Sadducéens, car ils déplo-

  1. Fragm. hist. graec., III, p. 354.
  2. Il semble bien que tous partirent avant les nouveaux troubles dont nous allons parler, mais si Nicolas ne fait allusion qu’à une comparution devant Auguste, Josèphe est formel, dans la Guerre et dans les Antiquités, pour distinguer deux audiences. Nous le suivons avec Schürer, contre Otto ; cependant le discours des Juifs ne fait aucune allusion à la guerre civile, de sorte que les deux audiences ont dû avoir lieu avant. Après cette guerre les Juifs auraient-ils osé prendre ce ton, et l’empereur les aurait-il reçus ? Il y a donc dans Josèphe une fausse perspective puisqu’il place la seconde audience après le récit de la guerre civile.
  3. Ant., XVII, ix, 13 : « les séditieux de la faction des exégètes de la loi ».