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CHAPITRE XI

LES FILS D’HÉRODE. — LA JUDÉE ANNEXÉE A L’EMPIRE ROMAIN


§ 1. — La succession d’Hérode.


L’intention d’Hérode avait été de maintenir l’unité du royaume qu’il avait créé[1]. D’abord prévenu par les intrigues d’Antipater contre Archélaüs, l’aîné des fils qu’il avait épargnés, il avait nommé roi Antipas dans un testament soumis au bon plaisir d’Auguste. Puis éclairé sur la fourberie d’Antipater, il avait donné par un codicille la royauté à Archélaüs, sans lui assigner une part spéciale. Antipater avait la Galilée et la Pérée, Philippe la Batanée, la Gaulonitide, la Trachonitide et le territoire de Panias. Dans sa pensée, ils seraient tétrarques comme Phéroras l’avait été durant son propre règne, à titre de princes vassaux, Archélaüs seul portant la couronne du royaume des Juifs. Mais l’agrément d’Auguste était toujours réservé. Aussi Archélaüs se garda bien de prendre le titre de roi et d’accepter le diadème que lui offraient les soldats. Il devait cependant se conduire provisoirement en souverain, ce qu’il s’empressa de faire. Agé d’environ dix-huit ans, il avait des intelligences à Rome où il avait été formé avec Philippe son frère de père, sur l’amitié duquel il pouvait compter. Salomé était alors pour lui. Tout semblait devoir lui réussir.

Son premier soin, avant son départ pour Rome, fut de gagner le peuple. On touchait à la fête de Pâque qui attirait une foule énorme de Juifs, venus même de l’étranger. Archélaüs, sachant combien son père était détesté, promit d’être un souverain moins exigeant et plus doux. On lui demanda quelques diminutions d’impôts, qu’il accorda. C’était surtout ce qui touchait la foule. Les Pharisiens exaltés qui avaient perdu leurs chefs Judas et Matthias[2], exécutés par l’ordre d’Hérode pour avoir fait abattre l’aigle d’or, entreprirent alors de les venger. Ils se lamentent à grands cris sur ces héros de la foi religieuse, demeurés sans sépulture ; le peuple s’agite, prétend imposer la disgrâce des conseillers du feu

  1. Otto insiste avec raison sur ce point, contre l’opinion commune.
  2. Ant., XVII, vi, 2.