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sang à la nation juive, mais presque un héritier légitime, Antigone ayant disparu.

Mais en même temps il s’obligeait par convenance, et il y fut contraint par sa passion, à ménager la famille des Asmonéens, ce qui encouragea des espérances trop impatientes. Son mariage put être nécessaire à son avènement, mais il fut certainement une fatalité pour son règne, car il eût lutté plus aisément contre les anciens partis s’ils n’avaient pas été installés dans la place.


I. — Les débuts (37-27 av. J.-C.).


Dans l’enivrement de la victoire, son alliance avec Mariamme ne semble pas l’avoir gêné. Il prononça la condamnation à mort de quarante-cinq des plus nobles et des plus riches de ses adversaires. Leurs biens furent naturellement confisqués, et comme il fallait satisfaire Antoine, toujours à court d’argent, leurs cadavres furent fouillés. Josèphe dit même qu’il fit périr tous les sanhédrites, sauf Samaïas[1]. Mais les Pharisiens étaient assez nombreux dans le conseil, et Josèphe dit ailleurs, d’après une source plus sûre, que les pharisiens Pollion et Samaïas furent fort en honneur auprès de lui, car pendant le siège de Jérusalem ils avaient conseillé à leurs concitoyens d’ouvrir leurs portes à Hérode[2]. Les Pharisiens avaient sûrement dans l’ensemble suivi cet avis, et Hérode dut s’appuyer sur eux pour combattre le parti de l’aristocrate et du sacerdoce.

Il obtint des Parthes le retour d’Hyrcan, son bienfaiteur, pour lui témoigner sa reconnaissance, disait-il, mais afin de s’assurer de sa personne. Le vieillard, moins apte que jamais aux affaires, ne pouvait même pas remplir les fonctions sacerdotales, depuis qu’Antigone lui avait fait couper les oreilles. Hérode, peu soucieux de relever le prestige du sacerdoce, choisit comme grand prêtre un prêtre obscur[3] qu’il fit venir de Babylone, nommé Ananël. Lui-même, étant étranger, ne pouvait prétendre à cette dignité.

Tout près de lui se trouvait un candidat tout désigné par l’opinion, Aristobule, fils d’Alexandre, petit-fils d’Aristobule Ier et frère de Mariamme. Il lui était loisible d’objecter qu’il était trop jeune, n’ayant que seize ans.

Mais bientôt les récriminations commencèrent. Alexandra, mère d’Aristobule et de Mariamme, prétendait exercer tous les droits d’une reine

  1. Ant., XIV, ix, 4, d’après une tradition essénienne.
  2. Ant., XV, i, 1.
  3. Ant., II, ii, 4 ; il est vrai que dans XV, iii, 1, Josèphe le donne comme étant de ἀρχιερατικὸν γένος, ce qui peut s’entendre d’une famille alliée à celles qui avaient fourni des grands prêtres, mais tombée dans un rang inférieur.