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L’origine juive était certainement une flatterie de Nicolas, comme Josèphe l’a remarqué[1]. Lui-même croit savoir qu’Antipater, fils d’Antipater, était un iduméen de très bonne famille[2], si bien que son fils Hérode n’était qu’un demi-juif[3]. Et en effet, si Édom avait été le frère de Jacob, c’était un frère ennemi qui avait légué son inimitié à sa race. Les Édomites qui occupaient autrefois les montagnes à l’est de la vallée qui va de la mer Morte à la mer Rouge, à Bosra et à Pétra, en avaient été délogés, mais s’étaient compensés au détriment des Juifs lors de la ruine de Jérusalem, en occupant le sud de la Judée, à Hébron et à Marissa. Conquis par Hyrcan, et obligés à la circoncision qui comportait l’observation die la Loi, ils étaient devenus juifs par la religion sans l’être par le sang. L’affirmation de Josèphe, corroborée, semble-t-il, par le contemporain d’Hérode, Ptolémée[4], est indéniable en ce sens du moins qu’Antipater avait été élevé dans une famille noble de l’Idumée, où il s’était allié aux Arabes par son mariage avec Cypros, entretenant aussi de bonnes relations avec Gaza et Ascalon[5], fréquentées par les Arabes et les Iduméens pour leur commerce.

Mais ne peut-on faire commencer plus haut l’histoire d’Antipater ? Saint Justin dit que les Juifs croyaient Hérode originaire d’Ascalon[6]. Jules Africain a précisé davantage. Il exposait comment, d’après les parents du Seigneur selon la chair, Antipater était le fils d’un certain Hérode, attaché au service d’un temple d’Apollon à Ascalon. Ce temple étant près du mur de la ville, il avait été aisé aux Iduméens de le piller et d’enlever aussi Antipater, encore enfant.

Son père étant trop pauvre pour le racheter, il avait été élevé par les Iduméens et était parvenu parmi eux à une haute fortune[7]. Ces choses ne sont pas invraisemblables, en Orient moins qu’ailleurs, où la mémoire de Djezzar-pacha est encore vivante Saint-Jean-d’Acre. Un nom d’Hérode pour le grand père répond à une coutume très répandue, et précisément le nom d’Antipater[8] et celui d’Hérode[9] sont attestés pour Ascalon, chacun par une inscription. Hérode aurait donc été, par son père, rattaché aux cultes grecs, et l’on s’expliquerait ainsi son goût pour l’ornement des villes grecques, entre autres Ascalon[10], où il avait un palais royal[11].

  1. Ant., XLV, i, 3.
  2. Bell., I, vi, 2.
  3. Ant., XIV, xv, 2.
  4. Voir la p. 164.
  5. Ant., XIV, i, 3.
  6. Dial., LII.
  7. Dans Eus., Hist. eccl., i, 7, 11, cf. i, 6, 2.
  8. CIS., I, n. 115 avec une inscription grecque.
  9. CIL., X, n. 1746.
  10. Bell., I, xxi, 11 ; cf. RB. 1922, p. 107.
  11. Bell., II, vi, 3 ; Ant., XVII, xi, 5.