Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tisan d’Antipater (Ant., XVII, ix, 4 ; Bell., II, ii, 3), l’autre partisan d’Archélaüs (Ant., XVII, viii, 2 ; ix, 3.5, Bell., I, xxxiii, 8 ; II, ii,1-4).

Des historiens grecs comme Timagène d’Alexandrie et Hypsicrate, de grands romains ses amis, comme Asinius Pollion et Q. Dellius, Tite-Live lui-même, s’en étaient occupés, Strabon surtout dans ses mémoires historiques qui allaient jusqu’en 27 av. J.-C. Tous ces témoignages sont perdus. Dans sa géographie[1], Strabon parle d’Hérode avec indifférence, comme d’un flatteur avisé des Romains. Josèphe avait utilisé Timagène, Hypsicrate, Asinius Pollion, Dellius, qu’il a pu citer d’après Strabon. Il a certainement employé aussi Nicolas de Damas, mais non pas servilement, car il n’accepte pas toujours ses opinions. Bon nombre de critiques modernes[2] pensent que Josèphe a suivi aussi un écrivain anonyme, qui avait déjà mis en œuvre ses devanciers, et dont on croit retrouver la trace propre dans l’historien juif, surtout jusqu’au xve livre des Antiquités.

Cette abondance de documents, mais contradictoires, laissa Josèphe assez désemparé. Il se fût tiré d’embarras en indiquant avec précision ses sources, et en leur laissant toute responsabilité. Mais ce n’était pas son habitude, et lors même qu’il affirme suivre de très près les livres de Moïse, il se permet d’étranges libertés. Pour le règne d’Hérode, dont il pouvait encore entendre raconter mainte histoire de vive voix, il a suivi son inspiration et son critère de morale, de façon à tracer une relation parfois indécise des faits, mais une image suffisamment netle de celui que nous ne consentons pas à nommer « le Grand ».

Les sources rabbiniques sont défavorables et d’ailleurs peu abondantes[3].

Nous n’avons pas l’ambition d’écrire ici une histoire intégrale de cette vie si complexe. Encore moins avons-nous à revenir sur les débuts d’Hérode, si ce n’est que nous avons réservé jusqu’ici la question des origines, fort agitée parmi les Juifs et les Chrétiens. Il était, cela n’est pas douteux, fils d’Antipater. Nicolas de Damas a dit qu’Antipater appartenait à l’une des premières familles juives revenues de Babylone. Telle était l’opinion officielle de la cour. Il est probable qu’Hérode ajoutait à cette prétention celle de descendre d’une famille sacerdotale. Strabon dit même qu’il s’était d’abord emparé du sacerdoce[4] et c’est peut-être pour cela que saint Justin dit à tort que les Juifs le tenaient pour grand prêtre[5].

  1. XVI, p. 765.
  2. Destinon, Die Quellen des Flav. Joseph (p. 19 ss.) ; Laqueur, Hermes, XLVI, p. 172 ss. ; Otto (Art. cité).
  3. Derenbourg, op. l.
  4. Strabon, XVI, 765 παραδὸς εἰς τὴν ἱερωσύνην.
  5. Dialogue, LII.