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CHAPITRE X

HÉRODE 1er (37-4 av. J.-C.).


Hérode Ier est une grande figure de l’histoire. Il a été jugé très diversement de son temps même. Les différentes impressions se sont déjà fondues dans le seul historien qui ait raconté son règne tout au long et dont l’œuvre nous a été conservée[1]. On voit combien il est difficile de se faire une opinion d’après ce mélange ancien des sources[2].

Hérode lui-même avait laissé des Mémoires, qui étaient naturellement destinés à présenter sa vie sous le jour le plus flatteur. Il trouva un partisan non moins enthousiaste dans Nicolas de Damas qui fut admis dans son intimité vers 14 av. J.-C., et qui fut informé de tout. Il parlait d’Hérode longuement, soit dans une sorte d’histoire universelle, soit dans sa propre biographie.

Dans le sens contraire, on lisait un certain Ptolémée, probablement originaire d’Ascalon[3]. Car Ammonios, auteur d’un traité sur les termes semblables et différents cite deux fois un Ptolémée, qui est Ptolémée d’Ascalon, grammairien qui vivait au temps de César (Croiset…, v, 352). De plus il écrit sur le mot Ἰδουμαῖος : « Les Iduméens et les Juifs sont distincts, comme dit Ptolémée dans le premier (livre) sur le roi Hérode. Car les Juifs le sont depuis toujours par nature, tandis que les Iduméens à l’origine n’étaient pas Juifs mais Phéniciens[4] et Syriens. Conquis par eux et obligés à se circoncire et à se fondre dans la nation[5] et à se régler par la même législation, on les a appelés Juifs ».

Cela n’a pu être écrit que par un écrivain hostile à Hérode, attentif à noter qu’il n’était pas juif de race. Il est peu probable que ce Ptolémée ait été un des deux courtisans d’Hérode qui portaient ce nom, l’un par-

  1. Josèphe, Bell., I, 180-673 ; Ant. XIV, 119 s.-XVII, 199.
  2. Pour cette question des sources, nous suivons ici Walter Otto, dans son article Herodes, de l’Encyclopédie de Pauly-Wissowa, continuée par W. Kroll, au Supplément II, p. 1-158. Nous avons peu consulté Willrich, Hugo : Das Haus des Herodes zwischen Jerusalem und Rom, Heidelberg, 1929. — L’auteur est beaucoup trop favorable à la personne d’Hérode d’après Joachim Jeremias (Theol.-Litz. 1931 c. 27 ss.).
  3. La note de Schürer, i, 49 est décisive.
  4. Cette erreur est expliquée aujourd’hui par la colonie phénicienne de Marissa (cf. p. 104), qui n’était sans doute pas la seule en Idumée.
  5. Lire probablement ἔθνος au lieu de ἔθος.