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CHAPITRE IX

LA RENAISSANCE DU MESSIANISME PERSONNEL DAVIDIQUE.


Ainsi donc les espérances que les Juifs pieux avaient fondées sur les Asmonéens avaient été amèrement déçues. Nul ne le ressentit plus douloureusement que leurs chefs spirituels, zélés pour la Loi, mais qui se croyaient le droit de la compléter par leurs traditions, ceux qu’on nommait déjà les Pharisiens depuis qu’ils formaient un parti séparé. Le sacerdoce suprême avait brisé avec eux aux derniers jours d’Hyrcan.

Alexandre Jannée, usurpateur du trône de David, leur avait fait une guerre acharnée. Quelques conquêtes, chèrement achetées par le sang d’Israël, ne compensaient pas le mépris où était tombé le pontificat, représenté par un soudard débauché, traité par le peuple indigné comme un acteur qui joue mal son rôle, alors que ce rôle était sacré. Revenus au pouvoir par la faveur d’une femme, les Pharisiens n’avaient pu s’y maintenir. Ils avaient vu bientôt la maison des Asmonéens divisée en deux factions qui se disputaient l’appui d’étrangers idolâtres, livrant ainsi le pays à un joug détesté, se meurtrissant dans la guerre civile, perpétuée malgré la nécessité de faire front à l’ennemi. Les deux partis avaient été le jouet d’un Romain sacrilège profanateur du temple de Jérusalem, jusqu’au jour où le grand général avait succombé en Égypte d’une mort ignoble.

Cette suite déconcertante de châtiments, tantôt sur Israël, tantôt sur ses oppresseurs, faisait pressentir la restauration que les prophètes avaient toujours promise après les grands jugements de Dieu, la hutte de David relevée, ses brèches réparées dans le même éclat qu’aux jours d’autrefois[1]. Qui se ferait l’interprète de cette grande leçon et de ces espérances ?

Par une rare fortune, nous possédons un recueil de dix-huit pièces, écrites sur le modèle des psaumes, qui sont en grande partie une explication des voies de Dieu à la lumière des doctrines religieuses de ce parti pieux devenu le parti des Pharisiens. Nous croyons cependant y discerner plusieurs auteurs et même plusieurs tendances.

Le recueil a été attribué à Salomon, par ce goût du temps de chercher

  1. Amos, ix, 11.