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cordes et descendues du sommet de ces montagnes qu’on n’aurait pu escalader par en bas. Peut-être d’ailleurs sans sa prodigieuse énergie et ses habiles manœuvres aurait-il succombé dans la lutte.

Car Antigone ne restait pas inactif et n’était pas l’adversaire méprisable qu’a peint Wellhausen[1]. Les Parthes chassés de Syrie par Ventidius, il avait résolu d’agir par lui-même et avait incontestablement pour lui la noblesse, le sacerdoce et l’immense majorité du peuple, en haine d’un joug doublement étranger, celui d’un Iduméen demi-juif imposé par Rome. Tout d’abord il avait assiégé Masada, mais sans succès. Lui aussi s’était assuré des intelligences parmi les Romains, et avait gagné à prix d’argent Silon (Pompaedius Silo), légat de Ventidius. Si bien qu’Hérode, débarqué à Ptolémaïs et aidé des Juifs de Galilée, son ancien fief, put bien délivrer Masada, mais se trouva impuissant en Judée. Les Romains, ses auxiliaires, se plaignaient toujours de n’être pas ravitaillés, et s’empressèrent de prendre leurs quartiers d’hiver à Jéricho. Il ne faudrait pas se représenter des légions de citoyens romains conduites à la victoire par Pompée ou César, mais des troupes auxiliaires syriennes, engagées dans une lutte de guérillas sous des chefs indifférents au succès d’un roi des Juifs contre un autre roi qui payait mieux.

Las d’efforts héroïques, mais inutiles, Hérode abandonna la partie et alla chercher un secours plus efficace auprès d’Antoine, occupé au siège de Samosate. Les Parthes avaient été défaits de nouveau ; il ne s’agissait plus que de remettre l’ordre en Syrie et en Judée. Le dictateur était engagé d’honneur à faire prévaloir la cause de son favori. Cette fois les Romains entrent en scène tout de bon. Sossius est envoyé en Judée avec deux légions de renfort.

Il était temps. Pendant l’absence d’Hérode, Antigone avait battu Joseph, frère d’Hérode, assisté de cinq cohortes romaines, et lui avait fait trancher la tête. Les Galiléens eux-mêmes se soulevaient pour la cause nationale.

L’entrée en scène d’Hérode avec ses légions rétablit les affaires. Au printemps de l’an 37 il campa devant Jérusalem, et comme pour affirmer ses droits aux suffrages de la nation, il épousa solennellement à Samarie sa fiancée Mariamme, fille d’Alexandre. Sossius arrivait enfin. Il fit sa jonction avec Hérode sous les murs de Jérusalem. Ensemble ils disposaient de onze légions et de six mille cavaliers, sans compter les auxiliaires de Syrie[2].

La ville se défendit. Le siège dura probablement cinq mois, de février à juin 37. Il fallut emporter le premier, puis le second mur, enfin les fortifications du Temple. D’après Josèphe, le dernier assaut fut donné

  1. Op. l., p. 304.
  2. C’est le chiffre de Josèphe (Ant. XIV, xvi, 1), manifestement exagéré.