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acquise à sa cause, dans sa forteresse de Masada[1]. La colline domine la Mer Morte d’environ 500 mètres ; elle est séparée du désert de Judée par une vallée profonde. Dans ce repaire inaccessible les femmes étaient en sûreté, gardées par huit cents personnes. Lui restait seul, libre de courir sa chance, et s’enfuit à Pétra chez les Nabatéens, amis de son père.

Antigone demeurait le maître. Il fit couper les oreilles à Hyrcan pour le rendre indigne du sacerdoce. Phasaël prévint ses ennemis en se brisant la tête contre une pierre, consolé par la pensée que son frère s’étant échappé il aurait un vengeur.


§ 6. — Antigone (40-37).


Antigone, grâce aux Parthes, était roi et grand prêtre. Roi, il se nommait Antigone ; comme grand prêtre il conservait son nom juif de Mattathias[2]. Mais il ne devait pas jouir en paix de sa double dignité.

Hérode n’avait pas été reçu par Malikou, roi des Nabatéens, intimidé par les Parthes. D’ailleurs, apprenant la mort de Phasaël, qu’il avait espéré racheter par l’intermédiaire des Arabes, il ne songea plus qu’à refaire à lui seul la fortune de sa famille. Il avait acquis la conviction très claire que tout dépendait désormais en Judée du bon plaisir des Romains. Il courut donc à Rome, s’embarquant à Alexandrie quoique la mauvaise saison fût déjà avancée, et, sûr de l’appui d’Antoine, s’assura aussi les bonnes grâces d’Octave, lui rappelant les services rendus par Antipater à César son père adoptif. Leur décision prise, le sénat la ratifia, et puisqu’Antigone avait pris le titre de roi, il ne voulut pas donner à son candidat un titre inférieur comme celui d’ethnarque. Il concéda donc la couronne à Hérode, leur instrument dans la guerre contre les Parthes dont Antigone était la créature[3]. Le décret qui le nommait roi des Juifs fut déposé au Capitole ; Antoine donna un grand festin. On était à la fin de l’an 40. Hérode partit aussitôt, et la guerre civile recommença. Le récit de Josèphe est d’un bout à l’autre un panégyrique d’Hérode qui s’étend complaisamment sur toutes ses actions d’éclat.

Il raconte même avec détails celles qui n’eurent aucune importance sur l’issue de la guerre, comme l’extermination des brigands[4] cachés dans les grottes d’Irbid, qu’il assaillit au moyen de caisses suspendues à des

  1. RB., 1894, p. 263 ss.
  2. Monnaies : ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΓΟΝΟΥ מתתיה הכהן הגדל.
  3. Il semble que les Romains eurent quelque scrupule d’enlever la couronne à la dynastie légitime, puisqu’il existait un fils d’Alexandre, Aristobule. Mais l’intérêt politique l’emporta. D’après Appien, Civ., V, 75, Hérode fut seulement nommé roi des Iduméens et des Samaritains (Cité par Chamonard).
  4. A moins que ces « brigands » n’aient été des adversaires politiques.