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fille d’Alexandre, et petite-fille d’Hyrcan par sa mère. Il se rattachait ainsi à la famille des Asmonéens et se rapprochait de la royauté que Cassius lui avait promise quand il aurait vaincu Octave et Antoine[1]. Mais Brutus et Cassius furent défaits à Philippes, et Antoine vint réduire l’Orient (automne de l’an 42). L’heure était critique pour le protégé de Cassius, et l’aristocratie juive essaya d’en profiter. Antoine était à peine en Bithynie qu’on vint de Jérusalem protester contre les fils d’Antipater, Hérode et Phasaël, et cela au nom d’Hyrcan. Mais Hérode vint aussi, et sut rappeler à Antoine, maître d’une moitié du monde romain, les liens d’hospitalité qui avaient lié Antipater au même Marc-Antoine, lieutenant de Gabinius. Hyrcan lui-même — ou du moins son conseil — ne manqua pas d’habileté pour couvrir sa volte-face. Ses envoyés joignirent Antoine à Éphèse et représentèrent le peuple juif comme une victime de Cassius : ils demandaient justice contre lui, la liberté pour les Juifs vendus en esclavage et la restitution des territoires enlevés en Galilée dans cette époque de terreur. Antoine accorda tout, rejetant la faute sur les ennemis de César dont les Juifs n’avaient jamais cessé d’être les amis. Restait le grief des notables Juifs contre Hérode et Phasaël. Antoine était prévenu pour les deux frères, et comme Hyrcan leur donnait désormais son suffrage, les appelants de Jérusalem ne réussirent qu’à se faire massacrer. Phasaël et Hérode furent nommés tétrarques ; Hyrcan était relégué de droit, comme il l’était de fait, dans son sacerdoce.

Alors se passa une surprenante péripétie. Antoine avait suivi en Égypte Cléopâtre qui était venue le conquérir en Cilicie. Les Parthes profitèrent de son absence pour envahir la Syrie[2]. Antigone se jeta dans leurs bras ; ils consentirent à se servir de lui. Porté par l’opinion publique nationale qui voyait en lui un libérateur du joug des Romains, il arriva avant ceux-ci à Jérusalem ; mais s’il put occuper le Temple que les prêtres lui livrèrent volontiers, Hérode et son frère se maintinrent dans le palais. La guerre civile éclata. La bravoure et l’habileté d’Hérode contraignirent Antigone à appeler les Parthes qui se présentèrent en arbitres. Hyrcan et Phasaël s’y laissèrent prendre d’abord et se rendirent en Galilée auprès du chef parthe Barzapharnès. Celui-ci avait partie liée avec Antigone et aurait pu au premier instant se défaire des deux princes juifs. Mais il tenait surtout à s’emparer d’Hérode qui bientôt avait su flairer le piège, et il essaya de l’aller prendre à Jérusalem. Ses agents, par excès de zèle, mirent aux fers Hyrcan et Phasaël. Hérode, prévenu, ramassa une petite troupe et conduisit sa mère, sa sœur, sa fiancée, la mère de celle-ci,

  1. Ant., XIV, xi, 4.
  2. En l’an 40 av. J.-C.