Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alexandrins, Antipater, confiant dans sa fortune, vola à son secours avec trois mille Juifs de bonnes troupes, força Péluse, persuada aux Juifs d’Égypte, surtout à ceux qui étaient groupés dans le territoire d’Onias, d’imiter sa volte-face, et se montra général aussi habile que politique résolu.

De ce jour date l’alliance étrange et souvent si étroite entre les princes hérodiens et la maison de César.

Quand César vint en Syrie en 47, Antigone ne manqua pas d’alléguer auprès de lui son père Aristobule et son frère Alexandre mis à mort pour sa cause. Mais César agissait déjà en représentant authentique des intérêts de Rome : Antipater n’eut pas de peine à lui montrer que les Asmonéens, adversaires de Pompée, étaient avant tout des ennemis du nom romain, beaucoup plus dangereux que le débonnaire Hyrcan. Aussi ce dernier, confirmé dans le Sacerdoce, fut nommé de nouveau ethnarque des Juifs, les districts de Gabinius étant abolis, et Antipater, déjà en fait son intendant ou son premier ministre, fut nommé officiellement procurateur[1].

Josèphe a groupé à cette occasion un certain nombre de décrets, émanant soit du dictateur lui-même, soit du sénat, soit même de diverses villes d’Asie[2]. Il est malaisé de discerner exactement la date de ces pièces, qui n’ont pas été reproduites sans altérations. Mais leur authenticité n’est pas contestable, et s’il s’élevait quelque doute particulier, il n’atteint pas les grandes lignes du statut légal que les Juifs durent à César et que les magistrats romains obligèrent les villes d’Asie à respecter et à ratifier.

En Judée Hyrcan, proclamé ethnarque avec l’hérédité dans sa famille, a le droit de juger toutes les contestations entre Juifs. Le pays demeure assujetti au tribut, mais il est en exempté l’année sabbatique. Jérusalem peut relever les murs renversés par Pompée. Joppé est rendue aux Juifs, sauf à payer un droit pour le port, et aussi les villes de la grande plaine, c’est-à-dire de la Galilée.

On est étonné de lire en outre dans un décret de César de l’an 47[3] : « Et tous les territoires, localités, villages, dont les rois de Syrie et de Phénicie, alliés des Romains, ont eu par concession gratuite la jouissance, appartiendront, par décision du Sénat, à l’ethnarque Hyrcan et aux Juifs ». C’était rayer, d’un trait de plume, toutes les mesures prises par Pompée et restituer aux Juifs les conquêtes d’Alexandre Jannée. L’exécution de ce décret dépendait à la fois de la bonne volonté des magistrats romains et du pouvoir des Juifs. Il était interdit aux troupes romaines de traverser la Judée et d’y lever des contributions de guerre.

  1. ἐπίτροπος (Ant., XIV, viii, 5). Les petites monarchies orientales avaient déjà une sorte de grand vizir. Chez les Nabatéens il portait le titre de frère du roi.
  2. Ant., XIV, x.
  3. Ant., XIV, x, 6.