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d’Aristobule qu’il lui rendrait ses enfants en échange des places fortes qu’elle avait livrées et il tint parole.

Engagé lui-même dans une guerre en Égypte, le gouverneur romain eut beaucoup à se louer des bons offices d’Antipater, car cette famille de maires du palais poursuivait sa politique d’usurpation grâce à la faveur des maîtres étrangers et en perpétuant la discorde parmi les Juifs. Lorsqu’Alexandre se souleva de nouveau, Antipater sut lui enlever beaucoup de partisans. Malgré tout, trente mille Juifs luttèrent pour la liberté auprès du Thabor et subirent une sanglante défaite. Josèphe, qui copie étourdiment Nicolas de Damas, explique ces révoltes par « le goût constant des Juifs pour les révolutions ». Même comme Pharisien il ne se serait pas exprimé aussi durement. En fait les Juifs ne pouvaient se résigner au joug étranger : la lutte n’était plus entre Hyrcan et Aristobule, mais entre les nationalistes et l’envahisseur.

Dès ce moment la haine était si forte, l’espérance en Dieu si assurée, qu’on suivait les étendards du premier venu. C’est ainsi qu’un certain Pitholaüs souleva tant de monde que 30.000 des révoltés furent vendus comme esclaves.

Antipater, peu soucieux du sentiment patriotique des Juifs en sa qualité d’Iduméen, et comprenant qu’on ne résistait pas à Rome, engageait déjà beaucoup de Juifs à suivre sa politique. Les Asmonéens le servaient par leurs révoltes en lui assurant ainsi la faveur des Romains auxquels il se rendait utile.

Cependant Rome n’était pas moins divisée que la Judée, et la famille d’Antipater se trouva bientôt devant le problème de savoir quel général romain il était opportun de servir. Cette angoisse dura dix-neuf années (49-30). Les vagues qui agitaient le monde romain expiraient en remous sur cette région orientale de la Méditerranée qui détenait le passage entre les deux continents d’Afrique et d’Asie. Il ne suffisait pas de savoir discerner quel serait à la fin le plus fort, il fallait encore tenir compte des situations acquises qui permettaient à celui qui serait le vaincu de l’avenir de frapper sur-le-champ des coups irrémédiables.

César franchit le Rubicon (49 av. J.-C.). A Rome il trouva Aristobule en prison et pensa qu’il pourrait lui être utile en Judée contre Pompée, alors maître de l’Asie. Il lui confia même deux légions.

Les Pompéiens demeurés à Rome parèrent le coup en empoisonnant Aristobule, et Pompée donna l’ordre d’exécuter son fils Alexandre qu’il tenait captif à Antioche.

Hyrcan et Antipater étaient donc liés à la fortune de Pompée. Aussitôt après Pharsale, ils changèrent de camp. Dans la seule occasion où le bonheur de César parut tenu misérablement en échec par la révolte des