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§ 5. — Hyrcan II, grand prêtre (63-40).


Il est vraisemblable que la Judée, avec ses dépendances, la Galilée, et une bande très restreinte au delà du Jourdain qu’on nomma la Pérée[1], ne fut point incorporée officiellement à la Province de Syrie. Ce nom même de Province n’indiquait pas alors une administration directe et régulière. Mais le pays avait perdu son indépendance. Il payait tribut, et le gouverneur de Syrie veillait aux portes, toujours prêt à intervenir.

L’occasion lui en fut fournie par une tentative d’Alexandre, ce fils d’Aristobule qui avait échappé aux Romains. Aussitôt qu’il montra l’intention de secouer le joug, il recruta des soldats, jusqu’à 10.000 fantassins bien armés et 1.500 cavaliers. Il semble que les Asmonéens s’étaient maintenus à Alexandreion, à Hyrcanion et à Machéronte, comme dans des fiefs personnels. Avec ces points d’appui, Alexandre essaya de s’emparer de Jérusalem et de s’y fortifier. Mais il se heurta à la résistance des Juifs partisans d’Hyrcan : Josèphe parle même des Romains qui habitaient la ville. Le gouverneur de Syrie, Gabinius, envoya contre lui Marc-Antoine, le futur rival d’Auguste.

Alexandre, bientôt défait, obtint la vie sauve en rendant ses forteresses. Gabinius essaya alors de rompre l’unité politique des Juifs en divisant leur territoire en cinq sections, gouvernées chacune par l’assemblée des anciens : Jérusalem pour la montagne de Judée, Gazara pour les collines basses qui dominent la plaine, Amathus[2] pour la Pérée, Jéricho pour la vallée du Jourdain, Sepphoris pour la Galilée[3]. Ainsi la nation n’avait plus d’unité politique, Hyrcan ne conservant d’autres fonctions que celles du sacerdoce, et le grand conseil de Jérusalem n’ayant juridiction que dans son district, car chaque conseil avait même pouvoir. De sorte que Josèphe conclut : « C’est ainsi que les Juifs, délivrés du gouvernement monarchique, furent organisés en aristocratie. »[4]

Cela se passait en l’an 57. Les Juifs se croyaient si peu délivrés de la monarchie à laquelle ils tenaient, — sauf la secte Pharisienne, — que dès l’année suivante ils reprirent les armes sous le commandement d’Aristobule, échappé de Rome. Il y fut bientôt reconduit, ayant été pris dans son repaire de Machéronte. Entre temps Gabinius avait promis à la femme

  1. Terme grec pour signifier un au-delà.
  2. Ruines d’Ammata sur la rive orientale du Jourdain, au nord du Iabboc.
  3. Schürer se demande si ces σύνοδοι étaient des conventus iuridici ou des régions organisées autour d’un centre où l’impôt devait être perçu. Les textes de Josèphe ne permettent pas de trancher le cas avec une telle précision ; la pensée de Gabinius était sans doute de créer des districts indépendants.
  4. Ant., XIV, v, 3.