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de rendre Jérusalem, mais ses troupes ferment les portes. Pompée le jette en prison, et la Cité Sainte poursuit sans lui ses destinées. La ville où les partisans d’Hyrcan étaient sans doute en majorité s’en remit à la bienveillance de Pompée. Les prêtres, attachés à Aristobule, résistèrent dans le Temple, sans cesser jamais d’offrir les sacrifices exigés par la Loi, si bien que quelques-uns moururent à l’autel.

Pompée attaqua le Temple par le nord, où il n’était défendu que par un fossé et ses murailles. Les Juifs auraient combattu le jour du sabbat, à l’exemple des Macchabées, s’ils avaient été attaqués à main armée. Mais ces jours-là les Romains se contentaient de combler le fossé et d’établir une terrasse pour leurs machines ; les assiégés les laissaient faire, ne se croyant pas autorisés à prendre l’initiative d’une bataille. Même dans le Temple régnait la discorde. Il tomba durant le troisième mois du siège, un samedi vers la fin de l’été[1], en l’an 63 av. J.-C., durant le consulat de Cicéron. Pompée pénétra dans le sanctuaire, jusqu’au Saint des Saints, visita curieusement toutes choses, mais ne toucha à rien. Dès le lendemain il fit reprendre les sacrifices, ayant rendu à Hyrcan le souverain pontificat. Néanmoins le carnage fut atroce dans l’enceinte sacrée et des Juifs y prirent part. Jérusalem et tout le territoire juif fut assujetti à un tribut. Pompée en détacha toutes les villes qui n’étaient devenues juives que par la force : Hippos, Scythopolis, Pella, Dium, Samarie, Marissa, Azot, Iamnia, Aréthuse[2]. L’accès de la mer fut perdu avec les villes de Gaza, Joppé, Dora, la tour de Straton qui furent annexées à la nouvelle province de Syrie.

Pompée avait gardé captifs Aristobule et ses deux fils, Alexandre et Antigone ; l’aîné s’enfuit sur la route. Le roi juif dut suivre au Capitole le char triomphal de son vainqueur[3]. Les Juifs nombreux amenés à Rome en captivité, affranchis avec le temps, y fondèrent cette colonie appelée à un si brillant avenir. Les villes grecques d’outre-Jourdain, délivrées du joug des Juifs et restaurées, proclamèrent l’ère de Pompée[4].

  1. Josèphe dit : « le jour du jeûne », c’est-à-dire de l’expiation, ou le 10 Tichri, donc en octobre, et Schürer tient beaucoup à la date de l’automne avancé. Mais Strabon ayant écrit que Jérusalem était tombée le jour du jeûne, par où il entendait à tort le samedi (Strabon XVI, 2, 40 : τηρήσας τὴν τῆς νηστείας ἡμέραν, ἡνίκα ἀπείχοντο οἱ Ἰουδαῖοι παντὸς ἔργου), cf. Dion Cass. XXXVII, 16 : ἐν τῇ τοῦ Κρόνου ἡμέρᾳ), la confusion s’explique aisément. Pompée qui se trouvait à Damas au printemps a pu gagner Jérusalem en huit ou dix jours. Il se trouvait déjà dans le Pont à l’automne.
  2. Nom de la célèbre source de Sicile, inconnu en Palestine. Nous soupçonnons Elousa, fort loin au sud de Marissa, mais placée tout près dans l’énumération des villes prises par Jannée qu’Hyrcan avait promis de rendre aux Nabatéens (Ant. XIV, i, 4).
  3. Plutarque, Pompée, 45. Cependant il ne fut pas mis mort après, selon la coutume romaine, car nous le verrons reparaître.
  4. Le point de départ de cette ère diffère suivant les villes de 64 à 61 av. J.-C. (Schürer, II, p.149).