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et bientôt assiégé dans Jérusalem. Les prêtres étaient avec lui, les Pharisiens avec Hyrcan. On vit alors combien les partis juifs étaient exaspérés. Le pieux Onias, renommé pour ses miracles, fut lapidé pour avoir refusé de maudire les assiégés[1]. La Pâque survint. Les prêtres, manquant de victimes, offrirent d’en acheter à des prix exorbitants. On prit l’argent, on garda les agneaux. Antiochus Sidétès avait été plus généreux.

Les Arabes, dont l’armée se composait surtout de cavaliers, étaient incapables de prendre une ville aussi forte que Jérusalem. Elle devait succomber sous des coups plus redoutables.

Pompée, vainqueur de Mithridate, avait refoulé Tigrane et organisait l’Asie. Il envoya en Syrie (65 av. J.-C.) son lieutenant Scaurus, et celui-ci, ayant eu vent de la guerre civile, s’avança jusqu’en Judée pour savoir quel avantage Rome en pouvait tirer. Les deux partis envoyèrent plaider leur cause à son tribunal. Il lui parut, dit sagement Josèphe, plus aisé de renvoyer les Arabes chez eux que de prendre Jérusalem. Il accepta les quatre cents talents que lui offrait Aristobule et ordonna aux Nabatéens de lever le siège. Ce qu’ils firent. Aristobule les poursuivit et les battit.

Cependant le grand homme arrivait en personne et, tout en acceptant les présents qu’on lui envoyait sur sa route, il somma les deux frères rivaux de comparaître devant lui à Damas. D’autres encore se présentaient, des Juifs mécontents des allures qu’avait prises la monarchie asmonéenne. De plus en plus conscients de former une nation sainte, groupée autour de son temple, ils ne voulaient pour souverains que des grands prêtres qui ne prissent point le titre de roi. Leur intention était peut-être aussi de calmer à tout jamais la susceptibilité des Romains, qui n’avaient rien à craindre d’un grand prêtre, peu porté par la nature de ses fonctions aux entreprises belliqueuses. D’autre part, il était facile à Antipater de noircir Aristobule, coupable d’incursions chez ses voisins et de piraterie sur mer. Ce que le jeune prince alléguait de l’indolence méprisable de son frère Hyrcan qui lui avait fait un devoir de prendre la couronne, n’était pas un grief bien choisi aux yeux de Pompée.

Il refusa cependant de se prononcer, désirant régler d’abord les affaires des Nabatéens, et peu soucieux de trouver Aristobule sur son chemin. Il se réservait pour cela de le garder dans sa compagnie, mais le Juif se déroba. Dès lors on ne peut comparer son attitude qu’à celle de l’oiseau, fasciné par le serpent, qui bat des ailes et finit par se livrer à celui qu’il redoute. Il veut se défendre à Alexandreion et se rend trois fois auprès de Pompée, espérant toujours obtenir son suffrage. Il offre

  1. Ant., XIV, ii, 2. — Ce trait est probablement emprunté à la tradition rabbinique.