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§ 4. — Aristobule II (67-63)[1].


Les Juifs vont perdre leur indépendance. Les Romains étant maîtres de la Syrie ; la Judée, qui en fait partie géographiquement, ne pouvait se dérober à leur emprise. Mais les rapports entre le petit peuple et le grand empire naissant avaient été si bons, déférents d’un côté, bienveillants de l’autre, que le contact semblait devoir s’établir dans les meilleures conditions : en tout cas il ne pouvait être question d’entraver le moins du monde le culte religieux des Juifs, et les Romains n’auraient pas refusé à Jérusalem, ni aux autres villes juives, une large autonomie municipale.

Si les rapports commencèrent par une guerre, ce fut à la suite des discordes des Juifs entre eux, des discussions dans la famille royale, et spécialement à cause du caractère inerte d’Hyrcan et de l’ambition d’Aristobule, mal soutenue par un caractère irrésolu.

Hyrcan, étant l’aîné, et déjà grand prêtre, se saisit du pouvoir à la mort de sa mère. Il ne l’exerça que durant trois mois et demi. Son frère Aristobule le battit à Jéricho, l’assiégea à Jérusalem, et le décida à se contenter de vivre en simple particulier. Les deux frères changèrent de palais, Aristobule devenant à la fois roi et grand prêtre.

Hyrcan, dont la vie n’était nullement menacée, se serait sans doute contenté d’une existence tranquille. Un de ses partisans fut moins résigné. C’était Antipater, le fils d’un Iduméen du même nom, créé par Jannée gouverneur de l’Idumée. Pour lui le gouvernement d’Aristobule était l’inaction, sinon la disgrâce et peut-être la mort. Sous Hyrcan il avait chance de diriger les affaires. Mais il eût été vain d’engager le faible Hyrcan à agir par lui-même. Antipater voisin par ses origines du royaume des Nabatéens avait épousé une jeune Arabe sûrement d’une noble origine, née en Idumée, Cypros[2]. Il noua des intrigues avec le roi Arétas[3] et lui fit espérer la rétrocession des conquêtes de Jannée par Hyrcan s’il le remettait sur le trône. Il ne demandait au grand prêtre que de se réfugier à Pétra[4], où il serait absolument en sûreté, et de laisser faire Arétas, auquel des Juifs avaient promis de se joindre.

Aristobule, qui ne se doutait de rien, fut surpris et battu près de Jéricho

  1. Josèphe commence ici un nouveau livre (XIV) avec une certaine solennité. Comme Antipater, père d’Hérode, intervient, il est probable que toute cette histoire est d’après Nicolas de Damas, historiographe d’Hérode.
  2. Ant., XIV, vii, 3. D’après Strabon (XVI, ii, 34) les Iduméens sont Nabatéens.
  3. Arétas III Philhellène ; cf. RB., 1898, p. 571.
  4. Le site de Pétra au Ouâdy-Mousa (RB., 1897, p. 208 ss. etc.) est devenu célèbre parmi les touristes.