Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

leur, la direction. A Toulouse, à Bordeaux, à Pau, à Grenoble, à Montauban, à Avignon, à Mâcon, à Chambery, a Bourg, et sans doute en beaucoup d’autres points de la France centrale et méridionale, il s’est trouve des spectateurs dévoués à la science qui ont pu étudier celte apparition, curieuse. Elle a été également observée à l’Observatoire de Moncalieri, pres de Turin, par l'astronome Denza ; à Rome, parle P. Secchi ; à Naples, en Sicile, et jusqu’en Norwége, à Christiania.

C’est vers huit ou neuf heures du soir que les météores se sont montrés avec la plus grande abondance. On cherchait en vain à les compter tous, tant ils se succédaient rapidement : on voyait jusqu’à 20, 26, 30, étoiles filantes à la fois. A Moncalieri, quatre observateurs ont compté trente-trois mille quatre cents météores en six heures et demie. Ailleurs, on en a compté 38 000, 42 000, et combien ont échappé aux regards ! « Toutes les admirables et gracieuses figures, dit M. Denza, que nous voyons tracées sur la voûte du ciel lors des grandes pluies météoriques de novembre, toutes vinrent charmer nos yeux. C’étaient de nombreux météores, aux couleurs délicates et variées, plusieurs suivis de longues et brillantes traînées, un grand, nombre de globes d’éblouissante lumière, quelques-uns du diamètre lunaire à peu près ; des nuages transparents et luisants, qui çà et là, en mille manières se rompant dans l’atmosphère, s’ouvraient en faisceaux de rayons aux formes les plus vagues et les plus bizarres. » Notre gravure ne peut donner qu’une imparfaite idée de ce spectacle splendide.

Mais qu’est-ce qu’une étoile filante ? qu’est-ce que ce point lumineux qui semble se détacher de la voûte étoilée, pour tracer r un. léger, sillon et s’évanouir après une apparition d’une courte durée ?

Que sont surtout ces milliers de feux qui, à de rares intervalles, se montrent en essaims -serrés, tombent comme une pluie, comme une averse, comme un feu d’artifice céleste ? Quelle "est enfin l’origine de cette apparition du 27 novembre ?

A toutes ces questions, il faudrait de longues pages pour répondre, y pour dire ce’, que l’on «sait de ces phcpoiqôçes . singuliers, .plus encore peut-être pour, dire ce que l’on ignore et A quelles explications, sè sont jqsqu’ic U arretés, les savants.

Ce que nous pouvons dire à nos jeunes lecteurs, en attendant des détails plus circonstanciés, c’est qu’une étoile filante est bien un corps d’origine céleste, qui vient des profondeurs de l’espace heurter la Terre, tout au, moins frôler l’atmosphère. Mais ce n’est pas une étoile ; comme^celles, qu’on voit briller fixes, immobiles en apparence du moins, dans l’azur du ciel. Celles-ci sont de véritables astres, presque tous semblables au Soleil, quelques-uns semblables à la Terre.

Une étoile filante n’est qu’un corpuscule , une parcelle détachée d’une massé nébuleuse, et probablement d’une comète. J’étonnerais sans doute plus dam de mes lecteurs, si je lui disais que.. la pluie d’étoiles de novembre est due, très-probablement, à la rencontre que la Terre a faite, non pas d’une comète, entière, mais d’un fragment de comète.

Cette comète n’est autre chose que la comète de Biela, un de ces astres à apparence nébuleuse, accompagnés le plus souvent d’une traînée de lumière, d’une queue, et qui voyagent dans le ciel, en se mouvant comme nous-mêmes autour du soleil, mais le long d’une courbe ou orbite de forme très-allongée. Cet astre singulier s’était déjà, vers 1846, divisé en deux nébulosités ou comètes distinctes, qu’on a-revues une ou deux fois à leur retour, mais qui se trouvaient depuis quelque temps, sinon perdues, du moins égarées pour nos astronomes bien entendu.

On les cherchait dans le ciel, en ces derniers temps, mais sans succès. Or, voici qu’un de leurs fragments, sans doute, voyageant dans, les mômes parages que notre planète s’est trouvé tout à fait dans, son voisinage au 27 novembre dernier. De sorte qu’il n’y, aurait rien d’impossible que nous avons, traversé une comète.

Le choc, ou le voit, n’a pas été dangereux il s est borné à un bombardement de -météores, bombardement inoffensif, s’il en fut. Mais peut-être ne faudrait-il pas toujours s’y fier : la comète de Biela n’était qu’une fort petite comète. Qu’arriverai t-il si la Terre venait à rencontrer un de ces astres gigantesques, tels, pour citer un exemple récent, que la grande comète de Donati, celle qui a étonné les deux mondes, en 1858, par la magnificence de son aspect, sa vive lumière et ses queues splendides ?

A. Guillemin.

__________

LES CAUSERIES DU JEUDI


On m'appelle l'oncle Anselme. J'ai une kyrielle de petits neveux et de petites nieces qui, deux Tois par mois–un jeudi–viennent passer. l'après-midi chez moi.–je,veux dire chez eux, car alors ma maison Isur appartient en, propre~ Ils~en,usent et abusent ;.Qt c'est pour moi autant d'instants fortunes, car, grâce à, eux, tout mon cher et vieux passe revit et s'agite aimable devant moi.

Ce petit lutin blond me remet sous les yeux l'image enfantine d'un frere bien aime, en cheveux blancs aujourd'hui; cette fine, brunette me rend les yits ct( bons cgards de ma sainte et adorée mère,' qui n'est a plus; cette toute mignonne, toute graocusc créature rosé et Manche me rajeunit mon excellente sœur; je me retrouve moi-même dans ce grand garçon tantôt espiègle et tantôt rêveur. Que, sais-je? Mais c'est charmant.

Parfois je suis admis aux parties, ou je tâche de