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pres à l’alimentation. Tout ce qui brille lui paraît une proie enviable et elle avale sans sourciller des cailloux, des métaux, du bois, du verre. Je me rappelle avoir vu un jour enlever devant moi par une autruche du Jardin des plantes un bouton de la tunique d’un collégien, qui s’était approché avec trop de confiance ; en une seconde, le bouton avait été avalé à la satisfaction évidente de l’oiseau. Ainsi méfiez-vous de ses impudents larcins.

On a prétendu que l’autruche ne buvait jamais ; elle a la faculté, il est vrai, de rester très-longtemps sans boire, mais lorsqu’elle trouve de l’eau, elle se désaltère avec un plaisir évident.

La nature paraît l’avoir dépourvue de toute arme défensive, cependant certains auteurs assurent que par la force de son pied elle défie tous les animaux du désert. Elle lance des ruades d’une telle violence, qu’on l’a vue tuer ainsi des hommes sur le coup. Ce moyen de défense me paraît cependant un peu douteux vis-à-vis du lion et de la panthère ; aussi l’autruche n’y a-t-elle recours que lorsqu’elle est exténuée de fatigue. Dans toute autre circonstance, elle se contente de fuir, et sa vitesse est telle qu’aucun animal ne peut l’atteindre. En effet, on a calculé qu’elle peut faire jusqu’à dix lieues à l’heure, ce qui équivaut à la rapidité d’un train de chemin de fer de moyenne vitesse.

Cependant l’homme parvient à s’en rendre maître à la course. Les chasseurs, montés sur de solides chevaux, se divisent en groupes qui s’échelonnent dans le désert à quelques kilomètres l’un de l’autre. Le premier groupe détourne le troupeau d’autruches, et le poursuit jusqu’au point où attend le second groupe, qui continue la poursuite avec des chevaux frais. Les chevaux se relaient ainsi de distance en distance jusqu’à ce que les autruches, exténuées, se laissent approcher. Les auteurs anciens ont prétendu que l’autruche se voyant perdue se contentait de cacher sa tête dans les broussailles et, n’apercevant plus son ennemi, se croyait ainsi cachée à sa vue. Bien des ouvrages modernes ont répété cette assertion, qui est absolument fausse. L’autruche, loin de montrer une telle stupidité, se défend avec courage et tient tête à ses assaillants. On la tue à coups de bâton pour éviter l’effusion du sang, qui déprécierait le plumage de l’oiseau.

Ce sont en effet les plumes de la queue et des ailes qui constituent la principale valeur de l’autruche. Ces plumes fines et ondoyantes ont été de tout temps employées comme parures. Jadis les guerriers en ornaient les cimiers de leur casque, aujourd’hui elles décorent les coiffures de nos dames.

Leur prix est très-élevé : aussi a-t-on déjà essayé plusieurs fois de trouver un moyen qui permît de se les procurer d’une manière plus régulière que par la chasse. On a tenté en Égypte et en Algérie avec peu de succès d’élever des autruches domestiques. Tout dernièrement, de nouveaux essais ont été faits dans la colonie anglaise du Cap, et il paraît que cette fois les résultats sont plus satisfaisants. Les colons sont arrivés à avoir de véritables troupeaux d’autruches qu’ils enferment dans des parcs, mènent à la pâture et auxquelles ils enlèvent les plumes de la queue et des ailes deux fois par an.

Les œufs fournissent une coquille très-dure, semblable à l’ivoire, que l’industrie utilise de diverses façons. On nous dit aussi que la chair de l’autruche se montre maintenant sur les marchés du Cap et qu’elle y est très estimée.

Vous voyez que l’autruche est en voie de devenir un animal d’une grande utilité ; mais, en outre de ces divers produits, elle possède une grande force musculaire que l’on arrivera sans doute à mettre à profit. Non-seulement elle peut traîner avec facilité une voiture assez lourde, mais elle est aussi capable de porter aisément un cavalier. Certaines tribus nègres de l’Adrar s’en servent depuis longtemps comme de chevaux.

Il ne me reste plus, pour terminer cette rapide esquisse de l’autruche, qu’à vous parler de son nid et de ses petits.

Je ne sais quel voyageur a prétendu que l’autruche se contentait d’enfouir ses œufs dans le sable, où la chaleur du soleil suffisait à les faire éclore. Les âmes charitables se sont représentées avec douleur les pauvres petites autruches se trouvant au sortir de l’œuf abandonnées à leurs propres ressources, et l’autruche a été durement qualifiée de mauvaise mère.

Cette imputation est une pure calomnie. Son nid n’est, à vrai dire, qu’un simple trou rond croulé dans le sable, mais, après y avoir pondu ses œufs, elle les couve avec assiduité, aidée dans ce soin par le mâle, qui la remplace de temps à autre. Lorsque les petits éclosent, elle les soigne tendrement, les nourrit, les défend contre toute attaque et ne les abandonne que lorsqu’ils sont devenus assez grands pour subvenir par eux-mêmes à leurs besoins.

Voilà, j’espère, l’autruche tout à fait réhabilitée dans votre estime, et à votre première excursion au Jardin d’Acclimatation ou au Jardin des plantes, vous ne manquerez pas, j’en suis sûr, d’aller lui rendre visite.

Th. Lally.
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UN FANAL INEXTINGUIBLE

On vient d’inventer en Angleterre un appareil qui est appelé à rendre de grands services à la marine. C’est un fanal flottant ou bouée lumineuse, qui a la propriété de s’enflammer spontanément au contact de l’eau et d’être insensible au choc, au frottement et même au contact du feu.

Si l’on jette ce fanal à l’eau, il remonte immédia-