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évasion, c'est qu'une fois dans Paris, le jeune aveugle put s'y promener sans attirer l'attention et traverser impunément les voies encombrées de voitures. Mais on s'aperçut bien vite de sa fuite à l'institution, et l'éveil fut donne à la préfecture de police. Six heures après son départ, il était arrêté par des gardiens de la paix qui le conduisirent au poste; d'où il fut réintégré à l'institution.

On dit que l'insuccès de sa tentative ne l'a pas découragé et qu'il est tout prct a à recommencer.

LA PUISSANCE DE SALOMON

Le grand roi Salomon n'est pas seulement, célèbre dans les récits de la Bible. Les peuples de race arabe' avaient beau être ennemis du peuple hébreu, ils se souvenaient que leur origine ('tait la mémo, et célébraient volontiers dans leurs poésies. les héros d'J "1 C'est ainsi,qtt',ils ont transformé S. III' 1, d'Israël. C'est ainsi, qu'ils ont transforme Salomon en un magicien (ronfla domination s'étendait non-seulement sur les hommes, mais encore sur les génies. Voici une légende qui témoigne de la haute idée que se faisaient les Orientaux de la puissance du roi d'Israël.

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En ce temps-la., Salomon songea a batir au Seigneur un temple magnifique, digne de sa puissance et de sa gloire, car David, son pcrc, n'avait pu bUtir la maison de l'Eternel, à cause des guerres qui avaient rempli son règne. Mais le fils de David et de BathScébah avait du repos de toutes parts. Ses ennemis le craignaient; tous dans son royaume vivaient tranquilles et assurés, chacun sous son Sguier et sous sa vigne,'ct ses richesses étaient innombrables.

Aussi voulait-il témoigner sa reconnaissance, au Seigneur Dieu, le Dieu de David et d'Abraham. II envoya des gens vers Hiram le Jeune, roi de Tyr, pour h)i porter dc& paroles amies..

Les envoyés de Salomon dirent donc a Iliram « Voici que notre maitre va construire la maison du Dieu éternel. Donne-lui du bois et prête-lui des ouvriers, car les hommes dcT;r et de Sidon savent bien mieux que les hommes d'Israël abattre les arbres et tailler le bois.

Et Hiram se réjouit dans son cœur de cette demande de Salomon, car e'étai un prince prudent, et le fils de David était un ami puissant et un ennemi redoutable. Il répondit donc aux envoyés d'Israël « Qu'il soit fait ainsi que le veut votre seigneur et maître. »

Les habiles Sidoniens montèrent, alors dans le Liban, et pendant des jours et des semaines les cèdres et les sapins tombèrent sous la hache des charpentiers On conduisait les arbres jusqu'à la mer, et la on en faisait de grands radeaux qui naviguaient jusqu'à l'endroit marque par Salomon pour les recevoir.

Puis Salomon nt venir des pierres des pays lointains, de beaux marbres, des agates et de grandes dents d'éléphant, et des lames d'argent et d'or et, quand toutes ces richesses furent amoncelées la on devait s'élever la maison du Seigneur, il la commenta selon le plan qu'il avait arrête dans sa sagesse.

Les architectes surveillaient sans cesse les charpentiers et les maçons, mais Salomon surveillait lui même les architectes; car il vénérait tellement le Seigneur Dieu, qu'il ne-voulait s'en remettre à personne du soin de diriger les travaux de son temple.

Or, pendant des années les travaux durèrent. L'airain, l'ivoire, l'or, l'argent, les marbres, les pierreries, tout devenait colonnes, bas-reliefs, palmes, fleurs et feuillages, brillant de mille feux et éblouissant les regards. Mais le roi Salomon ne trouvait pas que l'œuvre fut encore digne du Seigneur, son Dieu.

Alors, comme il connaissait tous les secrets de la nature, comme" les mystères des airs,'de la terre et des ondes n'avaient rien de cache pour lui, il appela à son aide les Génies de l'univers. irnt"H?s~n'c de la Toute-Puissance, et les génies accourure on tremblant comme les esclaves à la voix du maitre.

Et Salomon, appuyé d'une main sur son grand bâton, étendit l'autre vers le temple et dit aux génies « Allez et travaillez » Et les génies s'empressèrent d'exécuter les ordres du roi chéri de Dieu. Nuit et jour l'œuvre avançait, et Salomon immobile à la même place, contemplait dans un ravissement, silencieux la maison du Seigneur qui devenait de plus en plus telle que la voulait son esprit.

Les jours et les années s'écoulaient, et celui qui avait été le jeune et vaillant fils de David était devenu un vieillard à la barbe blanche comme la neige. Les génies travaillaient toujours et toujours le vieux roi les surveillait de son regard sévère.

Enfin l'oeuvre était presque achevée, lorsque l'ange de la mort arriva près de Salomon dont les jours étaient comptes. Il le toucha de son aile et l'âme du vieux roi s'envola dans le sein du Seigneur, Dieu d'Abraham et do David. Mais son corps ne remua pas.

Appuyé sur'son bâton il resta'debout, la tête'inclinée sur la poitrine. Les yeux se fermèrent, mais il avait l'air de penser; et quand par hasard un génie se tournait un instant de son cote, il se hâtait de reprendre son ouvràge, tellement il croyait apercevoir le regard terrible du vieux roi à travers ses paupières formées..

Les génies continuèrent donc à travailler, jusqu'au jour où le Seigneur lui-mème trouva sa maison digne de sa majesté. Alors, il dit à l'humble ver « Va, et délivre les génies » Et le ver rongea lé bout du bâton le bâton glissa un peu, et le corps de Salomon tomba la face contre terre, et les génies s'enfuirent, comprenant alors seulement que le maitre était mort.

C. C.