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pas qu'aucun pouvoir restât debout,, même au-dessous du sien. A cette situation, !'I!ôtcI-de-Vnic gagna que, considéré en quelque sorte comme maison royale, les rois se crurent tenus d'employer les artistes les plus habiles à le décorer. Ce furent, partout des statues rappelant les hommc's qui s'étaient, distingués & divers titres dans la cité, dos peintures représentant les scènes les';plus mémorables de l'histoire de France, et partout des inscriptions laudatives en l'honneur des souverains.

II en alla ainsi jusqu'à la Révolution, ou.la jfat'so: commune, comme on l'appela alors, se dépouilla de tout ce faste', et ou les nouveaux emblèmes remplacèrent les légendes monarchiques.

Sous l'Empire, l'H6tel-de-ViMe reprit son-nom; mais pour devenir le siège de la Préfecture du département de la Seine. Attendu l'importance d'une telle administration, il fut question de l'agrandir en annexant, en soudant-pour ainsi dire, de nouveaux bâtiments à ceux qui existaient et qui étaient demeures a peu près tels que dans leur primitive conception. A Yt'ai dire, on eut aussi un instant l'idée de construire ailleurs un autre Hôtel-de-Ville, en laissant subsister l'ancien, qui n'aurait plus servi que do bibliothèque municipale et de dépôt, des archives. Mais rien de tout cela ne put effectuer. Enfin, la mise en l'état actuel; c'est-à-dire l'agrandissement considérable de l'édinee, au centre duquel devait être enchâssé dans une véritable monture l'Hotel-de-Ville du Boccador, date seulemcnt du règne de Louis-Philippe. Les travaux ne furent achevés qu'eu 1846. t

Et maintenant, quelle longue liste dresser si l'on voulait mentionner tous les événements dont l'Hôtel dc Villc fut le témoin événements joyeux ou sinistres, heureux ou' funestes, etqui,Ue.plus souvent, bien que résultant de l'émotion locale, devaient avoir une profonde signification nationale

L'Hotel-de-Ville est bâti sur cett Ct place de Crève fameuse, à tant de titres, fjui fut pendant des siècles eommcule, théâtre obligé de toutes les scènes les plus émouvantes. Les grands citoyens y étaient acclamés, les grands coupables punis :-les,,fêtes y.riaient, les' émeutes y grondaient, et toujours la maison des bourgeois avait sa part dans la journée spectateurs illustroshà;ses balcons, magistrats~solennels sous.son porche, foule terrible dans $es salles. que sais-je?.

Ajoutons que la Grève fut jusqu'à ces derniers temps le lieu où stationnaient ics ouvriers de certains corps d'état pour attendre que Ie% patrons, vinssent Ics~ engager. Cette circonstaucé a..memc donne, une locution à ,la langue usuelle' se me~'e M (!)\sue se dit aujourd'hui des ouvriers qui, n'acceptant tpas les conditions de salaire qui leur sont offertes, refusent de rentrer à l'atelier. Par allusion à l'ancienne coutume on les considère donc comme's'obstinant il rester « sur la (place de) Grève

C'est enfin sur cette même place que chaque année, le 24 du mois de juin, se célébrait'en-grande pompe une cérémonie dont l'origine remonte, autant qu'on peut le croire, au paganisme. Je veux parler du feu de <« S(Kf:<-J<'a):, que les magistrats municipaux en grand costume, et, ornes de guirlandes de Heurs, allumaient t de leurs mains, pendant que les tambours battaient, que les mousquets et les canons tiraient.

A l'ordinaire, -qui nous dira pourquoi cette cruauté offerte comme un sujet de joie? on jetait dans ce feu, solennellement allumé pour le divertissement du peuple, de malheureux chats, qui agonisaient en faisant mille contorsions douloureuses. Et des comptes que l'on a conservés nous apprennent qu'une fois en 1572, la terrible année de la Saint-Barthélemy le roi devant assister en personne à la fête, on se'mit'en frais'pour pouvoir lancer dans le brasier un renard, afin de « donner plaisir à Sa Majesté ».

En ce temps-là, jeux de peuple et jeux de prince se valaient, paraît-il. Dieu nous garde donc. d'y retourner

L'ONCLE ANSELME.


ÉVASION D'UN JEUNE AVEUGLE

Une aventure singulière vient de mettre en émoi l'institution des Jeunes Aveugles de Paris.

Un jeune enfant, âge de, douze ans, aveugle de naissance avait été envoyé, il y a peu de temps, de la maison des Enfants Assistés à l'institution des Jeunes Aveugles. Là, malgré tous les soins dont il était, entouré, il prit l'établissement en aversion et ,il résolut de s'échapper de sa prison pour aller courir le monde et les aventures.

Se trouvant un jour seul dans une des cours voisines de la rue, il mit a exécution son projet d'évasion, avec une habileté vraiment merveilleuse de la part d'un étre privé du secoure de là vue.

!I réussit it grimper sur le toit d'une joliètte et gagna de là le faite du mur. Puis, fixant à une saillie ,,une corde dont il avait eu soin de se munir, il se dajssa glisser sans accident sur le trottoir de la rue Duroc une véritable évasion de prisonnier d'État!

Le pauvre innocent, dans ses rêves de liberté, s'était L fait; une idée bien bizarre du monde. 11~ avait cru qu'une, fois hors de sa prison il pourrait errer en liberté sous les ombrages touffus des forets, où il n'aurait qu'à disputer sa nourriture aux bêtes fauves. Aussi s'était-il muni, pour repousser leurs attaques, d'un arc qu'il avait fabriqué avec une corde et un cerceau, et de fleches, simples baguettes inoffensives. ,11 avait emporté avec lui un petit sac contenant quelques croûtes de pain, qui devaient lui servir de provisions pendant ses voyages.

Ce qui peut paraître aussi merveilleux que son