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libéraient. Un d’entre eux propose de faire sauter les rues pour couper la marche du fléau, comme cela se fit à Londres en 1666. La proposition est acceptée. Le chef des pompiers de la Aille donne son consentement à un citoyen connu qui dirigera les redoutables opérations et en répondra. Dès trois heures, la poudre à canon attaquait Devonshire Street, et de formidables mais salutaires explosions éclataient dans les airs. On n’avait eu recours à cette terrible décision que parce que le service des pompes était paralysé par l’épidémie régnante sur les chevaux. La même cause diminuait notablement la célérité nécessaire pour l’enlèvement des mobiliers et des marchandises.

Autre calamité, la police était impuissante à empêcher le pillage. On requiert douze cents hommes de troupes. Ils arrêtent en un clin d’œil plus de deux cents misérables en flagrant délit. D’un autre côte, les morts se succèdent. Les silhouettes des infortunées victimes éclairées des tons rougeâtres de l’incendie apparaissent et redoublent l’horreur.

A quatre heures, le matin du dimanche, 22 carrés de maison n’étaient plus que des ruines ; 25 hectares de terrains couverts de riches constructions, pleines de marchandises plus riches encore, avaient disparu ; l’incendie s’étendait depuis Bigbroad Street, au sud-est, jusqu’à la belle rue Washington. Les maisons pourtant sautaient toujours, et les explosions de mines rendaient de grands services en faisant la part du feu.

À cinq heures, neuf pompes arrivent des villes voisines Portland envoie quatre cents hommes deux pompes de Newport viennent aussi. On évaluait alors la superficie brûlée à 28 hectares.

À sept heures, les pompiers en disponibilité sont envoyés au nord dans de nouveaux quartiers que le feu envahissait. Il menaçait le State House Uv Poste (New Post Office) était aussi en danger. La vieille église de briques, un des monuments les plus vénérés des Bostoniens, s était sur le point d’être perdue, On s’attendait à une destruction aussi complète qu’à Chicago.

À midi, à une heure, Philadelphie recevait deux avis annonçant qu’on était maître du feu ; mais douze heures plus tard, il éclatait de nouveau au coin de Summer Street et de Washington Street.

Cependant les secours arrivés, la sympathie témoignée, ranimaient les courages Chicago, si admirablement relevée de son désastre, avait la première envoyé 500 000 francs. Le mardi, des explosions de gaz excitaient encore le feu ; néanmoins ou pouvait considérer le fléau comme vaincu.

Les pertes sont immenses il y a 959 maisons brûlées 280 grandes maisons de commerce en gros sont anéanties 21 banques sont détruites. On a perdu la Bourse des marchands, l’église de la Trinité, la caisse d’épargne des émigrants la manufacture de verre, 27 établissements de journaux, etc., etc.

La somme des pertes est évaluée près de deux milliards de francs. Les compagnies d’assurance en payeront une partie mais elles seront ruinées à leur tour.

Boston prend des mesures énergiques pour se relever. De toutes parts s’organisent des moyens de lui venir en aide, et la ville du même nom, dans le Lincolnshire anglais, est la première d’Europe qui ait ouvert des souscriptions en sa faveur. Espérons que via noble ville renaîtra de ses cendres aussi vite que Chicago !

Richard Cortambert.


LES CORMORANS


Du jardin d’acclimatation


Le cormoran est un pêcheur habile, et a cet égard ; c’est un auxiliaire peu connu de l’homme, ou du moins dont on se sert peu en France. Que de gens utiles n’avons-nous pas repousses, que de génies sont allés porter le bénéfice de leur intelligence en Angleterre, ou ailleurs ! Et cependant, d’Esparron affirme avoir été témoin des prouesses merveilleuses de deux cormorans qui, au moment des États, généraux de 1614, sous Louis XIII, excitèrent par leur talent de pêcheurs l’admiration de tous les amateurs de la capitale. En Bourgogne, la patrie des grands hommes, dans notre chère Lorraine et aussi en Franche Comté, on a mis autrefois à profit le talent des cormorans mais depuis, leur industrie, pour je ne sais quelle raison, a été laissée de côté néanmoins, elle a été et elle est encore, paraît-il, fort en honneur chez les Chinois. Au dire du Père Le Comte, en Chine, on dresse les cormorans pour la pêche, comme on dresse ici des chiens et des" oiseaux pour la chasse. un pêcheur peut aisément gouverner jusqu’à cent de ces pourvoyeurs. On les place sur les bords d’un bateau ;’et quand ou est arrivé à l’endroit de la pêche, au moindre signal, ils partent tous et se dispersent sur un étang ; ils cherchent, ils plongent ; ils reviennent cent fois sur l’eau, jusqu’à ce qu’ils aient trouvé leur proie alors ils la rapportent à leur maître. Quand le poisson est trop gros, ils s’entre aident l’un le prend par la tête, l’autre par la queue, et tous l’amènent jusqu’au bateau. Alors on leur présente de longues rames— sur lesquelles ils se perchent et abandonnent leur pêche. On se demande comment un oiseau si connu pour son appétit vorace peut se condamner à pêcher pour autrui et à dominer sa gourmandise.

Il y a des raisons à cet empire sur soi-même. Les cormorans ne peuvent pas faire autrement ils sont forcés de rendre ce qu’ils ont pêché, car on a eu soin de leur mettre un anneau de fer au cou, ou bien encore de leur lier le gosier avec une corde de peur qu’ils ne succombent à la tentation d’avaler. Si donc le démon