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deux quartiers-maîtres nagèrent vers les récifs et parvinrent à établir un va-et-vient au moyen d’une corde. Les survivants purent donc gagner les rocs, mais leur situation devint bientôt terrible, car la marée qui montait, menaçait de les engloutir. Heureusement, vers le matin, des pêcheurs vinrent à leur secours et les transportèrent sur le rivage voisin, près du cap Prospect.

Le second du navire, M. Frith, était resté seul sur la màture, appelant à son aide d’une voix déchirante. M. Brady essaya d’envoyer un bateau à son secours, mais la mer était si grosse que personne ne voulut tenter l’aventure et le malheureux fut enlevé par la marée.

Le nombre des personnes sauvées se monte à 250 ; parmi elles on compte le capitaine et plusieurs officiers du navire, mais on n’a sauvé ni une femme, ni un enfant !

La catastrophe a été soudaine, impitoyable ; le na-vire a touché et sombré en quelques minutes le sauve-qui-peut a été instantané et le temps a manqué pour essayer d’organiser un sauvetage. Ainsi 780 personnes, dont 350 femmes et enfants, ont péri dans ce désastre. Les annales de la marine de commerce n’avaient jamais eu à enregistrer une perte aussi épouvantable.

L’Angleterre, à peine remise de l’émotion produite par la perte du Northfleet, se voit frappée d’un nouveau deuil. Cette fois le sinistre nous atteint aussi, car parmi les passagers se trouvaient un grand nombre de nos compatriotes d’Alsace, qui ; fuyant-avec femme et enfants la domination étrangère, allaient chercher un asile sur la terre américaine.

Ceux de ces malheureux qui auront échappé au désastre, sont plus à plaindre que ceux que le gouffre a ensevelis, car ils y auront laissé leurs femmes, leurs enfants, tout ce qui leur était cher, tout ce qui pouvait leur rappeler la patrie absente, le foyer qu’une dure nécessité leur avait fait abandonner.

P. VINCENT.


LES GRANDES VILLES DU MONDE

Il n’y a sur la terre que 9 villes dont le chiure de population dépasse un million d’habitants.

Ces villes sont Londres, 3 251 804 habitants ; Son Tchaou (Chine), 2 millions Paris, 1 825 274 ; Pékin (Chine), 1 648 814 ; Yeddo (Japon), 1 554 848 ; Canton (Chine), 1 236 000 ; Constantinople, 1 07S 000 ; Siang-Tan (Chine), 1 million ; Tchan-tchan-fou (Chine), 1 million.

Les villes ayant moins d’un million et plus de 500 000 habitants sont au nombre de 12 et se classent comme il suit d’après le chiffre de leur population : New York, Vienne, Berlin, Han-Kao (Chine), Philadelphie, Saint-Pétersbourg, Bombay, Calcutta, Fou-Tchou (Chine), Schao-Hing (Chine), Bangkok (royaume de Siam) et Kioto (Japon).

On compte en outre 20 villes ayant de 300 000 à 500 000 habitants ; 33 villes avec 200 000 à 300 000 habitants, et 90 villes avec 100 à 200 000 habitants. L’Europe possède 171 villes dont la population dépasse le chiffre de 50 000 âmes.

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LE JARDINAGE DE LA JEUNESSE

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MAI

C’est dans ce mois que le jardin commence à prendre son véritable aspect de la belle saison.

Les soins d’entretien sont exactement les mêmes que pour le mois précédent ; avec cette différence que déjà, quand le temps est chaud, les arrosages doivent devenir plus abondants et’plus fréquents, surtout le matin, en prévision de l’évaporation que la chaleur de la journée doit produire. Les nuits étant encore assez souvent froides à cette époque au moins dans la partie septentrionale de la France, ce n’est que par exception qu’il faut’arroser le soir.

Il importe de ne pas épargner l’eau’aux plantes déjà en pleine floraison, sans cependant la leur prodiguer à ce point qu’elles se trouvent dans des flaques de boue, qui ne conviennent qu’à certains végétaux aquatiques.

Jusqu’ici nous n’avons rien dit des gazons c’est que, à la vérité, nous pensons que le peu d’étendue donné ordinairement aux jardins dont disposent nos jeunes lecteurs, ne leur permet guère l’établissement des pelouses ; mais le gazon peut être employé autrement qu’en nappes considérables. Nous l’avons vu fort agréablement utilisé pour des bordurès, pour des intervalles destinés à donner du relief à certaines plates-bandes, ou encore au pied des tonnelles ou berceaux de verdure, comme contrefort des, petits talus où se plantent, où se sèment les plantes grimpantes volubilis, capucines, cobeas, etc. Il est donc convenable que nous indiquions sommairement la manière de l’établir.

Pour avoir un beau gazon uniforme, il faut se procurer de la graine choisie, que vendent tous les marchands grainiers. La meilleure espèce pour cet usage est celle du Ray-grass anglais, ou ivraie vivace. Quand on a cette graine, qui est d’ordinaire assez menue, on laboure, on ratisse, on épierre très-soigneusement la partie que l’on veut gazonner, et on la couvre d’un ou deux centimètres de terreau. On répand ensuite la graine, également et en quantité telle qu’il y en ait partout comme un fin réseau gris. Puis, soit avec le plat de la main,'soit avec un bout de planche, où