La Casba ou citadelle du ksar d'El Goleah couronne le sommet une montagne de forme conique de 70 mètres d'élévation. La ville est bâtie en amphithéâtre sur les flancs du cône et ses maisons sont pour la plupart creusées dans l'argile de la montagne. Une muraille épaisse et crénelée forme l'enceinte du ksar.
L'aspect de l'oasis qui entoure la ville, et fort pittoresque et son importance est plus grande qu'on ne le supposait. On y a compté jusqu'à 10 5 00 palmiers. Un immense puits d'une grande l' profondeur fournit de l'eau en abondance, ainsi qu'une source qui alimente un vaste bassin.
L'oasis appartient aux Chambas el Mahdy, une des trois grandes fractions de la tribu des Chambas dont les deux autres occupent les oasis d'Ouargla et de Metlili. Les Chambas sont une des plus belles races désert. Grands et bien faits, ils sont d'excellents cavaliers. Leurs femmes sont souvent d'une beauté remarquable.
Les habitants d'El Goleah accueillirent la colonne avec des témoignages d'amitié quant aux dissidents, repoussés par les indigènes des oasis du Thouat situé plus au sud, qui craignaient de se compromettre en leur donnant asile, ils se résignèrent à demander l'aman. L'amende qui leur fut imposée et toutes les contributions arriérées furent aussitôt payées.
Cette longue marche travers le désert, dans cette région que les gens du sud appellent eux-mêmes « le pays de la soif», s'était effectuée dans les meilleures conditions, et a vivement impressionné les populations du désert.
Après un séjour d'une semaine à El Goleah, la colonne reprit le chemin d'Ouargla, qu'elle atteignit sans contretemps le 7 février, ayant franchi en sept jours les 307 kilomètres de désert qui séparent ces deux points.
Le résultat de cette heureuse opération a été de montrer aux tribus disposées à la rébellion que le châtiment pourrait les atteindre jusqu'à ce point extrême qu'elles croyaient inaccessible à nos armes. Des protestations d'amitié nous ont même été envoyées d'In Salah, situé bien au delà d'El Goleah, à plus de moitié chemin de la mer à Tombouctou.
La limite de l'influence française se trouve ainsi reportée à une centaine de lieues plus au sud. Elle doit rayonner de là sur tout le Sahara oriental, où la France a une mission toute tracée, celle d'ouvrir ce pays au reste du monde et d'y faire pénétrer les bénéfices de la civilisation européenne.
