Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
326
LE JOURNAL DE LA JEUNESSE.

faut ajouter encore que leur usage devra pour ainsi dire être permanent dans l’intérieur des mines de houille, ou se dégagent souvent des vapeurs délétères.

Combien doit nous paraître triste et rude l’existence de ces ouvriers mineurs qui vont, au risque de mille morts, nous chercher ce combustible précieux, le charbon de terre ! Ces morceaux de houille ou de coke qui animent nos locomotives et nos bateaux à vapeur, qui éclairent les villes et chauffent presque tous les foyers, sont obtenus, non-seulement au prix d’un dur labeur, mais au prix d’un grand nombre d’existences humaines. « Ce n’est pas sans raison. dit fort justement M. Simonin dans son ouvrage la Vie souterraine, que l’art des mines emprunte à l’art de la guerre quelques-unes de ses expressions ; qu’on appelle du nom de campagne une année d’exploitation, du nom de postes les divers ateliers souterrains, du nom de brigade ou d’escouade une compagnie de mineurs. » L’ouvrier mineur est sans cesse exposé aux éboulements de la terre qui le recouvre, aux inondations, à l’asphyxie enfin et surtout aux explosions de grisou.

Ce nom de grisou n’est malheureusement inconnu de personne ; trop souvent de sinistres nouvelles nous apprennent qu’une explosion du grison a occasionné dans une mine de houille de terribles accidents.

Ce gaz détonant des houillères, l’hydrogène proto-carboné, au contact d’une flamme, se combine avec l’oxygène de l’air en produisant une terrible explosion. « Les hommes sont aveuglés, jetés par terre, calcinés, souvent leurs habits prennent feu. Quand on essaye de voler à leur secours, il n’est plus temps : ce ne sont plus que des cadavres à peine reconnaissables. Que les chantiers occupent cent, deux cents mineurs, le fléau ne respecte personne, la mort s’étend sur toute la partie de la mine où régnait le gaz, où l’explosion a lieu. »

La détonation du grisou est, nous venons de le dire, produite par le contact du gaz avec la flamme de la lampe dont les mineurs se servent dans leurs travaux.

Ces terribles accidents doivent-ils donc fatalement se produire, et l’industrie moderne doit-elle abandonner complètement l’emploi de l’un de ses plus puissants auxiliaires, la houille, ou se condam-