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LE JOURNAL DE LA JEUNESSE.

morceau. C’est égal, puisque j’ai trouvé le commencement, je trouverai bien le reste. Il faut que je rentre : voilà l’ombre des peupliers qui est toute couchée. À demain, Véronique : tu viendras ici, n’est-ce pas ?

— Oui, oui ! il y a de l’herbe pour mes ouailles au-dessus de la grotte, elles en ont pour longtemps avant de l’avoir toute broutée. »

Les deux enfants se séparèrent : Ambroise hâta le pas pour arriver à la Sapinière avant la nuit close ; et Véronique, après avoir terminé les diminutions du mollet, partie importante d’un bas, appela Turlure qui rassembla ses moutons, et trottant sur les talons de la bergère, la suivit avec le troupeau jusqu’au village.

À suivre

Mme Colomb.


UN NOUVEL APPAREIL DE SAUVETAGE

Il y a peu de temps, un public nombreux était réuni dans les catacombes de Paris, répondant à l’appel d’un jeune officier d’artillerie, M. Denayrouse. On ne circulait pas dans ces vastes souterrains dont les murs sont garnis d’ossements et au milieu desquels on ne peut se hasarder sans prendre, comme Ariane, un fil conducteur. Les spectateurs apercevaient, à travers une glace séparant en deux parties la galerie dans laquelle ils étaient un homme éclairé d’une lampe en compagnie d’un lapin et d’une poule. Tout à coup ces animaux parurent inquiets, ils furent comme saisis de brusques convulsions et ne tardèrent pas à mourir. Nous eûmes bientôt le mot de l’énigme l’homme et les animaux, séparés de nous par une glace polie, étaient placés dans une atmosphère viciée qui avait déterminé la mort rapide des animaux, tandis qui— l’homme ne paraissait incommodé en aucune façon. L’opérateur était en effet protégé par un appareil dont M. Denayrouse voulait prouver au public l’efficacité. Ajoutons encore que la lampe dont l’opérateur était muni ne cessait de projeter une vive clarté, tandis que les lampes ordinaires qu’on allumait ne tardaient pas à s’éteindre.

Dans un grand nombre de circonstances, l’homme est exposé à traverser des milieux dont l’air est impur à ce point qu’il peut déterminer l’asphyxie. Les pompiers, les puisatiers, les cureurs dégoûts sont sujets a ces terribles accidents.

Depuis longtemps déjà les savants ont cherché les moyens de traverser sans dangers une atmosphère délétère. Le principe qui permis de construire tous les appareils établis dans ce but est le même. Il faut tout d’abord éviter la respiration de l’air impur ; si l’espace à parcourir est de peu d’étendue, il suffira donc de se fermer complètement le nez et la bouche. Mais la respiration est, on le sait, à tel point indispensable a la vie, que nous ne pouvons la supprimer pendant plus de quelques secondes ; c’est ainsi que les meilleurs nageurs ne peuvent, séjourner sous l’eau que pendant un temps très-court. Le procédé que nous venons d’indiquer serait donc inapplicable dans le cas où un séjour de quelque durée dans le milieu vicié deviendrait nécessaire et, par exemple, quand il s’agit de travailler au fond d’une mine ou d’un puits rempli de gaz irrespirables, ou lorsque des recherches un peu longues doivent être faites au fond de l’eau. On a songé dès lors à placer dans la bouche de l’opérateur l’une des extrémités d’un tuyau dans l’intérieur duquel on fait circuler de l’air respirable. Comment est disposée la pompe qui introduit dans la bouche de l’opérateur l’air pur ? Comment le système employé permet-il à l’ouvrier de pratiquer successivement les deux actes de la respiration l’inspiration et l’expiration ? Ce sont là des détails fort intéressants sans doute, mais dans lesquels nous ne pouvons point entrer aujourd’hui. Disons tout de suite que l’appareil de M Denayrouse est construit sur ce même principe et que, dans ce système, l’opérateur porte sur son dos une série de petits barils contenant de l’air pur venant du dehors et dont l’écoulement est réglé par l’opérateur lui-même ; le nez du patient est pincé de façon à ne pas permettre par cet orifice l’accès de l’air, tandis qu’un tuyau sortant de ces barils se termine dans sa bouche. Muni de cet appareil, l’ouvrier peut indéfiniment vivre dans un milieu délétère, à condition, bien entendu, que les barils soient remplis d’une manière continue. La lampe de l’opérateur est mise, de la même façon, en communication avec l’air atmosphérique, de telle sorte qu’elle ne cesse pas d’éclairer.

Nous avons dit déjà que ces appareils de sauvetage ; pouvaient rendre d’immenses services lorsqu’il s’agit, par exemple, de porter secours à des personnes asphyxiées dans des puits. dans des égouts. Il nous