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per les pièces que la science numismatique qualifie du titre de médailles, et dont la connaissance constitue une des branches les plus attrayantes des études historiques. Par les médailles anciennes, qui portent d’ailleurs toutes sortes d’empreintes: dieux, vois, monumentè, armes, instruments, le plus grand jour a pu etre jeté sur beaucoup de points qui, sans cela, fussent restés toujours obscurs: comme les mœurs, les croyances, l’industrie, la succession des princes, les événements extraordinaires, les productions des diverses contrées. Beaucoup des pièces antiques, que les curieux recueillent <et collectionnent, ne furent jamais destinées à servir de monnaie. Peut-être, une autre fois, causerons-nous de numismatique proprement dite; aujourd’hui, occupons-nous de la seule monnaie; et arrivons même d’un coup à l’époque moderne:

Ce fut toujours une grosse et importante affaire que le monnayage, ou droit de battre, monnaie, pour employer le terme consacré. Dieu sait combien de querelles cela engendra entre les Souverains et les seigneurs qui prétendaient à ce droit! A vrai dire, ces souverains n’avâient pas toujours fort bonne grâce à vouloir etre les seuls monnayeurs du pays; car souvent c’était une fonction honorifique qu’ils ne s’attribuaient que pour altérer tout â, leur, aise, le titre du métal où s’imprimait leur marque. Terrible et peu édifiante histoire, que, celle de l’altération royale des monnaies! Dieu merci, cette histoire est finie, au moins dans nos pays; car aujourd’hui, notamment en France, rien de plus. profondément probe et scrupuleux que hu loi, ou plutôt là loyale tradition qui préside à la fabrication des especes monétaires.

On n'imagine guère jusqu’où sont portéesdes précautions prises pour qu’avant Tout chacune dc ces pièces destinées à servir, do tprmes d’échange offre la’* plus exacte, la plus stricte, je pourrais, dire a plus religieüse représentation de la^ valeur qu’on est convenu d’y attacher. Du commencement à la fiji.de la fabrication, ce ne sont que pesées, qu’es sais, que contrôles. L’écart admisr pour le titre, le poids, le module est chose vraiment inappréciable pour, dos yeux, des mains qui ne seraient, pas aidés dès, merveilleux instruments de précision, et des procédés spéciaux don disposent nos monnayeurs actuels.

Quant à la production 1 des .pièces, en elle-même, elle comporte une nombreuse suite d’opérations : quelqùès-unes imposantes par la nature des moyens ou la puissance des efforts mécaniques qu’elles nécessitent, et d’autres d’une délicatesse merveilleuse.

Parmi les premières, la fonte du métal, premier pas du lingot vers sa forme future est d’un aspect véritablement fantastique. Quand les creusets où ondoie la matière ardente, sont enlevés des fourneaux pour venir verser leur éblouissant contenu dans les lingotières qui doivent former la base primitive de métal, tout luit, tout flamboie, tout crépite dans le noir atelier. Les braves ouvriers aux bras nus, ruisselant de-sueur, s’agitant dans les éclairs, dans la fumée du feu liquide qui coule, qui jaillit, ont l’air de démons, et l’illusion est plus entière, lorsque, en les regardant, on se prend par hasard à songer, à tout ce que le métal’ incandescent qu’ils jettent dans ces moules de fer, doit un jour peut-être paver de mauvaises actions, éveiller de désirs, et causer de jalousies dans le monde où il ira courir par fragments arrondis et imagés. A vrai dire aussi, on pourrait les prendre au contraire, malgré leur sombre livrée, pour des anges de bénédiction, si l’on se disait combien ce métal doit, à un moment donné, salarier d’utile travail, récompenser de probes services, consoler de respectables misères ou empêcher de cruels désespoirs....

Retournons à/nos barres , qui viennent de s’échapper pêle-mêle des lingotières disloquées.

Il fault maintenant les laminer, c’est-à-dire les faire passer maintes et maintes fois entre dos rouleaux d'acier, qui les amènent peu à peu à l’épaisseur réglementaire.

Ce que je dis là en dcux lignes, exige toute une série de manipulations. Étirer au cylindre ces barres de métal, les durcir, les rend cassantes; pour les radoucir pour en rouvrir les pores, on les expose dans un four, sur des plaques qui tournent, pour égaliser les, effets de la chaleur, cela à plusieurs reprises. Quand la bande est enfin de calibre, on la passe sous un puissant engin qui d’un coup sec y découpe le flan ou rondelle brute.

Les rondelles soigneusement triées, pesées, choisies, nettoyées, sont alors "portées à la machine qui doit leur donner l’empreinte. r Cette empreinte en relief résulte de deux-coms métalliques, qui eux-mêmes Font reçue en creux de deux poinçons où l’artiste graveur a modelé les images qui doivent se voir sur. les pièces. La gravure de ces poinçons constitue le travail capital de la création des monnaies. Les plus habiles artistes de tous les temps ont été appelés à l’accomplir, et des noms illustres sont cités parmi les graveurs de monnaies. C’est avec de l’acier radouci, ou attendri par le feu, que se font les poinçons. Quand la gravure en est achevée, on les trempe , opération qui les rend très-durs et qui consiste à les jeter vivement dans l’eau froide en sortant du feu qui les a rougis.

Les coins, sont aussi préparés en acier doux. C’est par l’effort d’un énorme balancier qu’on leur communique l’empreinte des poinçons frappant sur eux. Puis, on les trempe, comme on a fait des poinçons, et ils servent à leur tour à empreindre les rondelles d’or, d’argent ou de cuivre sur lesquelles on les applique.

Autre fois le coup était donné par des balanciers que manœuvraient des hommes, d’où l’expression battre monnaie: aujourd’hui il n’y a plus frappement, mais pression. Une machine à vapeur meut la pressé, qui serre les flans ou rondelles avec une force égale à un poids de 70 000 kilos, et ce mouvement effroyable est