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très. C’est la capacité de ce bloc, qui est tout entier formé de semblants de rouleaux de pièces d’or entrecroisés et empilés.- Ces rouleaux, d’un métal ou d’une pâte quelconque, présentent par bout l’effigie des pièces, par côté le modèle des tranches que nous connaissons. On les adorés galvaniquèment. Si bien qu’on jurerait une maçonnerie d’or monnayé.

La personne, — une daine, — qui a eu’là singulière patience de fabriquer, rouleau par rouleau, ce simulacre de trésor introuvable, se tient à côté pour en commenter les dispositions. Elle apprend aux visiteurs que ce tas contiént 100.000 rouleaux de 50 000 francs chacun; que chaque rouleau est censé contenir, 2500 pièces de 20 francs; que ce cube en or vrai pèserait un million six cent mille kilogrammes; que si les rouleaux étaient rangés bout à bout ils se déploiraient sur une étendue de 382 kilomètres; que pour mettre les pièces à plat les unes à là suite des autres sur une seule ligne, il faudrait, parcourir 9248 kilométrés, c’est-à-dire un peu plus du quart du tour de la terre. —Enfin, elle vous dit qu’un bloc d’or, vrai, égal à celui-là, représenterai cette trop fameuse somme, dè cinq milliards, taux monstrueux que la Prusse Victorieuse a fixé, pour prix de sat rançon; à notre chère et malheureuse France.

Cinq milliards monnayés: merveille imaginaire qui nè fut jamais ni ne sera jamais vue dans la réalité; car, à part vingt-autres raisons, toutes meilleures les unes que les autres, s’opposant à cette réalisation, on se trouverait immobiliser par cela seul à peu-près la vingtième partie du numéraire que l’on croit avoir été frappé depuis que l’histoire enregistre les faits de cet ordre, et presque la totalité du numéraire qui a été fabriqué en France depuis que sur notre sol fonctionnent des monnayeurs.

On calcule, en effet, — mais c’est là une simple probabilité, — que, depuis les temps historiques, il a dû être monnayé environ 100 milliards de francs en métaux divers; on suppose qu’il n’en existe plus que la moitié, le reste payant été perdu, enfoui dans la terre, la mer, etc. Quant au numéraire de la France, on a des données plus approximativement exactes, et c’est à 6 milliards environ qu’on fait monter le total de son monnayage en or, argent ou cuivre, seuls métaux qui aient été employés chez nous à cet effet.

Vous êtes-vous reportés quelquefois par l’esprit au temps ou il n’y avait point de monnaie? En ce cas, vous auriez dû remonter bien loin dans les âges; car il est à présumer que du jour où quelque trafic régulier s’établit entre les hommes, l’idée dut venir d’avoir un signe; représentatif de la valeur des objets, pour la facilité des échanges. Voyez, je suppose, un homme qui, possesseur d’un mouton, voulait avoir un fruit que possédait l’autre; pouvait-il donner son mouton? Non mais l’on imagina, comme je viens de le dire, un signe représentatif, dont la valeur fut fixée par comparaison, et les échangés furent possibles, dans toutes les proportions imaginables.

Chez les premiers Grecs, par exemple, dont la principale richesse consistait en troupeaux, an frappa dés pièces qui valaient un bœuf, et qui en portaient l’image et le nom; puis, sans doute, il y eut aussi des pièces équivalant à la moitié, au quart, au huitieme. du bœuf, etc., pour les achats inférieurs.

Chez les Romains, pasteurs aussi, la première monnaie porta de même l’empreinte d’un bétail quelconque: porc, bœuf ou brebis, désigné par le nom de peçus de pecus on fit pecunia, et pecunia est venu jusqu’à nous dans cette famille de mots dont le substantif pécune et l’adjectif pécuniaire sont les chefs.

Grecs et Romains frappèrent, presque à l’origine, dé la monnaie d’ôr et d’argent: chez les premiers, cependant, un petit peuple se trouva, les Spartiates; à qui un austère législateur donna de la monnaie de fer. C’étaient, dit-on, de grosses barres aussi lourdes à transporter que difficiles à emmagasiner. Impossible dé songer à thésauriser avec une pareille monnaie! C’étaîL ce que voulait Lycurgue, l’inventeur de cet étrange numéraire. De nos jours, le fer, ou plutôt- l’acier, remplace encore la monnaie de cuivre dans le Népal et les pays au sud du Thibet

L’étain, et le plomb n’ont guère été . usités que chez quelques peuples d’Asie, et encore^ ne fut-çe que pour une monnaie inférieure. L’un et l’autre pourtant font partie encore aujourd’hui- des monnaies’ employées dans le vaste Empire .chinois, cl dans Flndô-Chitie. . Ce sont de toutes petites rondelles d’un métal à peu près sans nom, ou sans nature bien déterminée, qui. valent environ, un, de nos centimes. Les. Chinois en font des chapelets de cent bu de mille, qu’ils égrènent pour leurs menus achats. Quand la somme est-plus importante, c’est en lingots d’or ou en feuilles d’argent marquées d’un poinçon de contrôle que le pavement s’effectue. Aussi les marchands en gros sont-ils; toujours munis d’une balance, pour constater le poids de ces lingots, et d'une pierre de touche et autres ingrédients, pour tacher d'en fixer le titre.

Dans l'Inde a coté des monnaies d'or, d'argent et de cuivre, on se sert d’un petit coquillage appelé cauri, qui vient de l’ile de Ceylan, ;et qui représente à peine la valeur -d’un, centième de centime. En Abyssinie, lé sel servit longtemps de monnaie. À Terre-Neuve le. pays - des pêches - boréales , on comptait, c et ; payait par morue, sèche.* Au Mexique, lors de ?la découverte, du^ pays t par -les ‘ Européens, les grains de mais cl de cacao avaient cours monètaire. A la Virginie, ce furent des rouleaux- de tabac. Dans l’Afrique centrale, les /perles de verre blanc, rouge .ou noir, remplacentTa monnaie de cuivre ? les "étoffés dé coton ^représentent la monnaie ta ta 4 A ^ ta ta ta ^ * ta • y ^ ^ « t ^ #i ta 4 ta 4 4 9 d’argent, el le fil de laiton, -de la grosseur Ü’un fil cle/télégraphe, ’ la* monnaie" d’or.

Mais ce sont la des cas exceptionnels. Presque partout, en effet, dès que la civilisation s’établit, l'or, l’argent el le cuivre servirent exclusivement à frapper