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L'homme, qui n'était autre que l'inventeur lui meme, repondait d'un ton prouvant qu'Use sentait en droit d'attirer quelques regards attentifs sur sa machine: «C'est une en efMe de coton.

–Kgreneuse de coton! --répétaient tranquillement, avec uue profonde indinereuce,la plupart des questionneurs. –Ah Et ils passaient.

Quelques-uns cependant s'arrêtaient. A ceux-là Dtonnne expliquait comme quoi le coton, qui n'est autre chose quuu duvet renfer)))e dans le fruit d'un arloisseau,adhère tres-iutitnement, quand on le récolte, aux graines de cet arbrisseau, comme par exonpie nous voyons dans nos champs de légères aigrettesadherer à la graine du pissenlitoudu chardon. 1) leur disait qu'a l'origine l'operatioti qui a pour ut'jet de séparer ce duvetde ces graines, setaisait ala main, et qu'alors une personne ne pouvait guère 'tCt'dans une journée qu un demi-kilogramme de coton, tandis qu'avec sa machine, – qu'il n'avait pas daiftenrs la prétention de donne) comme h) première inventée, mais seulement comme une des plus sintplesqn on put affectera cet usage,–un ouvrier eu épluchait jus<)u'a; ou <)0kiiogrannnes. Je fus )))oi<)<'f<'ux')))isa)')'tt(')'c))t pour voir fonctionner la machine, ott'coutant ce que l'honnuc disait. A\antdaM<'r))Ius loin, je pt'is, je ne sais pourquoi, dans l'auge oit elles tombaient, cinq ou six des graines que les cylindres avaient depouiUecx de )eurdu\et. Apres [es a\oir tenues un instant a la !nain,jelesn)isdans)napoc))e~etjeu'vpensai plus.

Mais voiià.<jue, le )endeHhtin,iei)asard meut ou\riruuei<evue qui était sur tnatabte. aune page ou je \is constate que la sente inttustrie européenne !e(:oit, année tnoyenne, des divers pa~s qui le produisent, euviron un MU.LiA)m de kitogrannnes de coton.Alors, etcommp instinctivement, je recherchai mes graines noirâtres, et, lés ayant posées devant tuoi, ce fut avec une certaine etnotion que je les regardai, et qu en les regardant, je me pris à rêver, oui, à rêver pour tout de bon.

Vous allez certainement trouver qu'il faut que ;) j'aie eu ce cas le rêve aussi facile que l'émotion. Je j n'en disconviens pas; mais, je vous le demande, s'il ¡ vous arrivait quelque jour d'entrer dans un des atc- J liers où se préparent les cartouc)<es pour !'arn)ee, voudriez-vous atthmer qu'en regardant tra\aitter les ouvriers, tous sauriez vous préoccuper seute!nent de la manière dont ils s'éprennent pour enfermer dans un cornet de papier nn petit lingot de plomb, en conma~niede quelques pincées dépoussière noire Ah! je parierais Lieu que non! Ah! je sais bien les images <)ui se présenteraient a votre esprit. Ah! je connais bien le sentiment ({ni vous prendrait le cœur Les deux sébiles de bois placées devant l'ouvrier, et contenant, l'nue la poudre, l'autre les j baltes, ieraie!)tap))araitre pour vous toutes les sanglantes horreurs de la guerre. Vous entendriez le bruit des armes et les cris des blesses; vous ~errieit les scènes de carnage et vous compteriez les mort~

Fleur et t'nnt (h) cotonnier. (P. )7<i,eut ).~

et.l'âme troublée, \ou--maudiriez, j'en suis les pretcndues haines nationales, tes prétendus intcrcts d'États,au nom desquels on fait tant de pauvres diables s'entr'egorger, qui n'eussent pas demandé mieux que de resteràl'ate)ie!'oua!ac))arrue.–Et vous auriez raison.

Eh bien de même que la seule vue de ces lingots. de cette poussière, ne saurait manquer de vous suggérer ces idées pénibles, de même 1 aspect de ces pauvres petites graines brunes me transporte dans une de ce. sphères pacifiquement animées ou l'esprit aime à se (.rouver, parce qu'il y voit hautement manifeste au lieu des sots antagonisn)es et des barbares dissidences, le grand et consolant principe de 1 unio!t par et pour le travail. Je les regarde, et je vois sur les mes de lUhio, comme sur les coteaux du Gange: dans les iles de l'Archipel grec, comme dans les plaines du ?<il; aux bords du San-Francisco, au Hresil, comme sur les alluvions du Sénégal: aux Antilles connne en Murcie; dans les c)):tn)ps du Céleste Empire, comme dans notre colonie algérienne je vois des milliers et des milliers d'hommes, faces