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pitance et chauds vêtements ! – Et, pendant que vous y serez, – la tache ne vous en deviendra pas plus lourde, – n’oubliez point les bergers, qui sont loin d’être les paresseux, les insouciants compagnons que vous pouvez croire, et qui travaillent beaucoup pour rester toujours assez pauvres. « Tant vaut le berger, tant vaut le troupeau », c’est le vieux proverbe des campagnes, qui prouve bien qu’on attend d’un berger autre chose que sa seule présence à lenteur des moutons.

» Savez-vous – non, vous ne le savez pas ; mais je vous le dis pour que vous le sachiez il l’avenir qu’un bon berger, outre qu’il est d’abord gardien et conducteur de son troupeau, doit encore être herboriste, pour savoir se rendre compte des herbage* qui conviennent à ses bêtes médecin, pour connaître quand elles sont malades apothicaire, pour leur l’aire des remèdes chirurgien, pour les saigner, les panser ? – Ils sont souvent malades, les moutons. Savez-vous qu’un berger doit être soigneux jusque là d’éviter pour ses bêtes les chemins où leurs pieds pourraient se souiller dangereusement de leur choisir, selon l’heure ou la saison, tel ou tel quartier de pâture ; de les conduire, le matin en plein air, et au milieu du jour à l’ombre, et sans jamais trop les presser, parce qu’ils se blesseraient, s’essouffleraient ? Savez-vous qu’il lui faut veiller sur l’entretien, sur la propreté des étables ? Savez-vous qu’il il doit, aux entre-saisons, distribuer lui-même la nourriture en la variant, pour que le troupeau ne souffre pas du passage des mangers secs aux mangers verts ? ? Savez-vous qu’il doit régler aussi la boisson selon le temps ? Savez-vous qu’il lui faut s’inquiéter pendant plusieurs jours des agneaux qui viennent de naître ? Savez-vous qu’il duit aussi traiter le » brebis mères, (fui périraient s’il les abandonnait a l’aventure ? Savez-vous qu’à la ferme il ne couche jamais ailleurs que dans l’étable même de ses bêtes ?

» Et quand on fait parquer les troupeaux pour la fumure des terres, – il y a des pays où ils parquent pendant sept ou huit mois, – savez-vous qu’alors le berger passe pendant sept et huit mois, sans quitter ses habits, toutes ses nuits dans la cabane roulante qui est à du parc ? Et, ce parc, savez-vous qu’il est obligé de le changer de place tous les jours à lui seul, et que, chaque nuit, outre qu’il doit être sur pied au premier bruit, il faut encore qu’il aille par deux ou trois fois passer le troupeau d’un compartiment du parc dans l’autre, pour égaliser la fumure du champ ? Savez-vous qu’au soleil levant encore