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taient ces maisons, et qui est resté en usasge'chez nous.

En France, en vue surtout-dé Paris, qui dans les dix premiers siècles .de son existence fut cinq ou' six fois incendie'presque en entier, on' retrouve plusieurs vieilles ordonnances ayant trait aux précautions i\ prendre en prévision de ces accidents, sans préjudice des peines terribles édictées contre les '~o!f~eM ou incendiaires, – qui n'étaient pas rares.

Un des plus anciens documents de cet ordre date de 1371. Vingt-quatre ans plus tard, sous le t'egne de Charle's'VI,' lorsque fut 'conclue avec le roi d'Angletcrre une trêve de vingt-huit ans, ebque des ambassadeurs anglais vinréntpour la'signaturedc ce traité à p;ii'f~ e~èortés â'un nlilliel' de leurs compalriotes, à Pitris~ escortes d'un millier de leurs compatriotes, il fut enjoint à tout citoyen d'avou' chaque nuit à sa porte'un muid d'eau et une lanterne a)'dett<e (allumée) pendant toute la durée du séjour des Anglais.

Joli'témoignage de confiance à l'adresse de messieurs les'ambasSadcurs'.ct de'leurs acolytes! Mais en ces 'temps-la' on avait,, paraît-il, le courage brutal de son'bpiniôn~'ét peut-être avait-on raison. `

Vous le voyez, en'sommc, tout celan'étaitque pré- caution. 'On avait de l'eau sous la main, mais rien de ) plus. Point de machine pour la lancer-à dis tance en cas d'cmbrasemcnt.L'artdclutter contre le feuétaitcncore a créer de toutes pièces. Je sais quelles fouilleursde. vieux'livrer ont prétendu que déjà chez les Grecs, .et 'chexies Romains,des engins propres acetusageavaient t été décrits par'les anciens écrivains. HéronJd'AIcxan-'drie et Vitruve on t en elTet donné la description de certainds machines dq cette espèce; mais toujours est-il que,' si tant est qu'elles' aient~ jamais fonctionné, comme 'on veut le croire, le souvenir s*cn était complètement perdu. Car'il est avéré pour nous que, du temps dé- Louis XIV, c'est-à-dire au xvu." siècle, & Paris même', tous ces secours se réduisaient encore au travail de'gens qui; grimpés'sur les toits, sur des échelles," se passant des seanx de main en main; jotaient'ië contenu a force de-bras sur le foyer de l'incendie. Le plus souvent même avec des haches, des cro'cs'~ dès cordages, -ils s'efforçaient de restreindre le plus étroitemcntpossible la~H'~ du /'CM.–«Des capucins, ditcn.lC74 madame de Sévigné, dans sa fameuse lettre'où il est question de l'incendie de l'hôte-1 de .Guitaut, des capucins pleins de charité et d'adresse travaillèrent' si bien qu'ils coMpë)'e;t< le feu on jeta' de l'eau sur le reste... »

Couper le feu: c'était alors tout ce qu'on pouvait se permettre de faire ou d'espérer.

Notons qu'il était depuis longtemps dans les attributions des moines mendiants', et notamment des captcinn,' de'se dévouer dans les incendies. Les seaux, les crocs," les cordages, les échelles étaient ordinairement déposés dans leurs maisons. Quand un sinistre était si'gnalé, ils couraient, nantis de ces instruments, et n'hésitaient jamais a exposer leur vie pour sauver celle de leurs semblables, sans autre espoir de récompense que la satisfaction de l'acte charitable accompli, ou la conviction d'une bonne note sur le livre de la justice céleste. Combien ont trouve la mort dans les flammes, martyrs modestes du dévouement chrétien, et dont nul n'a jamais répète le nom!

Dès 1670, Louis XIV avait ordonné à tous les maitres des professions qui touchent àla construction des bâtiments maçons, charpentiers, scrruriers,'ctc., de se faire inscrire chez le commissaire de leur quar.tier, en leur enjoignant de,se rendre, à la première ,alarme, avec leurs ouvriers, sur le théâtre des,incendies. Une indemnité leur était assurée pour le temps perdu mais s'ils manquaient à se présenter, ils étaient passibles, au premier manquement, d'une amende de deux cents livres, et, au second, de la perte de leur maîtrise.

Et toujours, tout ce monde-la ne faisait que couper le feu. ou y jeter de l'eau à la main.

En 1666, cependant, lors d'un épouvantable incendie qui détruisit 13 000 maisons et 89 églises de la ville de Londres, nous voyons que l'usage était établi en Angleterre de lancer l'eau avec des instruments dont plusieurs échantillons sont aujourd'hui conserves dans la sacristie d'une église de la Cité, et qui n'étaient autres que ceux dont se servent encore les Turcs.

Mais les choses étaient plus avancées en Hollande, en Allemagne, ou depuis longtemps: déjà l'on avait inventé des pompes, qui a la un-du xvn° siècle' ~étaient assez perfectionnées pour rendre de véritables services.

Un Français du nom de Dumouriez (aïeul du fameux général), ayant vu fonctionner ces engins,'obtint.de fLouis XIV un~.privilége'pour en établir une douzaine à-Paris, cnji699.

M. Dumouriez-Duperrier avait failles frais'de ces machines; aussi fallait-il, payer-pour s'en'servir en cas d'incendie. Mais on ne tarda pas à reconnaître le vice radical d'un pareil'système, et l'on mit sur le dépôt de ces pompes unécriteau,Ics qualiuanf.dc « .Pompes publiques du roi, poM)' remédier ciN? M<c<"K~e~ sans ~K'oK soit <<MM de !'KM paye)' a.

En 1705, une loterie fut organisée, dont le produit devait~ermettre d'avoir vingt pompes à Paris,une par quartier. L'élan était donne; mais il faut croire que l'usage de ces machines ne donnait pas des résultats fort appréciables car, lors du terrible incendie de l'Hotel-Dicu en 17~7, le Merc~'e .FnNMe, qui fait de cette catastrophe un récit très-détaillé, ne mcntionue guère que-le dévouement des capucins. En -1781 même, à propos de l'meendie de l'Opéra,'le' Jb!()')t<~ de Fans se croit obligé d'attester-aux. habitants « que les pompiers sont des hommes désintéressés, capables de rendre de grands services, et il l'intervention desquels ils ne doivent pas hésiter de recourir en cas d'accMent M. Ce jour-là d'ailleurs le dénouement des pompiers avait été affirmé par la mort de l'un d'eux, nommé Jean Auvray.