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COMEDIE.

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frans, le boire le cher necessaire, et d’appeller le potage l’union des deux elements. A quoy bon toutes ces obscuritez , et pourquoy dire en quatre mots ce que nous disons en deux ? Est-ce qu’il ne seroit pas mieux de dire : Soufflez ce feu, que : Excitez cet element combustible ? Donnez-moy du pain, que : Apportez le soutien de la vie ? Voylà une maison, que de dire : Voylà une garde necessaire ? Et seriez-vous bien assez opiniastre pour me vouloir soustenir que le pot de chambre que vous nommez l’urinal virginal l’est encore quand les filles et les garçons ont donné dans l’amour permis, qui est, selon le langage de vos Pretieuses, le mariage ?

ISABELLE. En verité, votre desordre est terrible et me jette dans une souffrance inconcevable. BEATRIX. Il n’est pas encore temps de m’interrompre, etje n’ay pas encore finy. ISABELLE. Poursuivez donc et rendez viste vostre discours complet.

BEATRIX. Je vous dis encore que, quoy que vous puissiez dire, il n’y a rien de plus insupportable que de nommer les dents un ameublement de bouche, et de dire, pour faire voir que l’on a long-temps balancé à faire une chose, qu’il est monté des incertitudes à la gorge. Dites-moy un peu, y a-t'il aucun sens à cela, non plus que de dire qu’une femme a des absences de raison pour expliquer qu’elle est jeune ; et dites-moy enfin s’il y a rien de plus extravagant que d’appeler des traistres, les paravents, le miroir un peintre de la derniere fidelité, un esvantail un zephir, et une porte la fidelle gardienne. Si par hazard un jaloux qui auroit fermé une porte sus sa femme et en auroit