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BELAZOR.

C’est bien : tu seras toujours à la hauteur de mon cœur.

AUBÉPINE.

La musique est de madame ; les vers ont été arrangés par la sous-maîtresse.

Air.

Trop amoureux de la cadence,
Un savetier chantait, et sa folle chanson
Sciait un homme de finance
Qui restait au premier, dans la même maison.

Il faut qu’un bon savetier
Save, save, save, save.
Il faut qu’un bon savetier
Save, save son métier.

Le financier lui dit : Grégoire,
Prenez ces cent écus, gardez-les avec soin,
Ne les gaspillez pas à boire ;
Conservez-les pour vous en servir au besoin.

C’était un fin financier,
Fine, fine, fine, fine,
C’était un financier
Fine, fine, finassier.

Dedans sa cave il les recèle,
Met dessus sa commode et son lit à la fois.
Puis il s’y pose en sentinelle,
Et le voilà qui perd son bonheur et sa voix.

Ses voisins lui disaient tous :
Cave, cave, cave, cave ;
Ses voisins lui disaient tous :
Cave, cave, qu’avez-vous ?

Dix-huit ans après, le pauvre homme
S’en vint dire à celui qu’il ne réveillait plus :
Rendez-moi mes chants et mon somme,
Et, nom d’un p’tit bonhomm’ ! gardez vos cent écus !

Ceci nous démontre que
Fosse, fosse, fosse, fosse,
Ceci vous démontre que
Faut se contenter de peu.

BELAZOR.

Pas un mot de plus ! C’est une inspiration d’en haut ! l’enfant a parlé ! J’ai trouvé le remède ! Merci, bon la Fontaine ! merci !… Mes amis, réjouissez-vous avec moi !

PREMIER INVITÉ.

Pourquoi ?

BELAZOR.

Je n’ai pas de comptes à vous rendre. (Il se met à sauter et à gambader.) Mais que fais-je ? je me livre devant vous à d’igno-