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PREMIER INVITÉ.

Épatant !

LARFAILLOU, avec bonté.

Non, cela ne me gêne en aucune façon. Chantez ! vos chants sont doux ; j’aime à les écouter. Et quand même cela me gênerait un peu, quand vous auriez la voix moins mélodieuse, je vous dirais encore : Chantez ! La chanson du pauvre, ah ! mon Dieu, c’est sa richesse ! Ne dépouillons pas celui qui n’a rien. — Deuxième couplet, s’il vous plaît ?

BELAZOR.

Cré nom ! (Il chante encore plus faux.)

De la chaussure humaine
Tu répares l’affront,
Gai luron.
Travaille la semaine ;
Dimanche tu boiras,
Chanteras…

LABFAILLOU.
Oui, le bonheur est là !
BELAZOR.
Oui, le bonheur est là !
LABFAILLOU.
Redites-moi cela.
BELAZOR.
Redisons cet air-là.

Tra, la, la.

ENSEMBLE.
Frappe sur ton empeigne, etc.
LARFAILLOU.

Bien ! encore ! toujours ainsi !… Ce chant me rappelle mes jeunes années !

BELAZOR.

Quel cancre !… Je l’embête et il aime mieux dire que ça l’amuse que de me donner trois cents francs !… C’est un rêve, n’est-ce pas, mon Dieu… (Au public.) Jeunes gens ! un conseil ! Si jamais vous avez nonante-trois millions, ne les jouez pas… Ô ma fille ! ma fille !


Scène IX

Les Mêmes, AUBÉPINE.
AUBÉPINE.

Me voici, papa… Ah ! qu’il est drôle !

BELAZOR.

Enfant, ton père est cruellement raiguisé !