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tempête de ventilateurs et sous des projecteurs jaunes et roses.

— Rentrons, mais à pied, dis-je, intoxiqué. La nuit est brûlante. La rue manque de ventilateurs, mais son silence est apaisant. Les dernières autos ont disparu.

— Comme c’est agréable, cette absence de taxis, dis-je. Est-ce qu’ils sont en grève ? Mes deux compagnons éclatent de rire.

— Des taxis ? Vous n’en trouverez pas un dans toute la Chine, affirme Tellisson. Les autos de location ne sont que tolérées. Pour vous en procurer une, il vous faut signer un papier à l’hôtel et c’est au portier que vous paierez votre course.

— Pourquoi ?

— Ah ! voilà, me dit Yen. C’est tout le problème du progrès que vous posez, enfin de ce que vous appelez chez vous le progrès. Partout ici les petits métiers millénaires s’y opposent. Tenez, rien qu’à Shang-Haï, si les taxis étaient autorisés, quatre-vingt mille coolies, du jour au lendemain, seraient sur le pavé. C’est au point qu’à Pékin les premiers tramways ont failli déchaîner la révolution. Je crois, ajoute--