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ancêtres, des actions qui après leur mort compromettraient leurs nombreux avenirs. Or, je vous le demande, quel est Parmi leurs ancêtres celui qu’indigneraient le jeu ou l’usage de l’opium ? Les lois des vivants s’y opposent mais les Chinois n’ont Peur que des morts.

Aussi quand, sur la foi de ses gratte-ciel, Un touriste déclare que Shang-Haï est américain, commet-il une erreur un peu naïve : mais il est vrai que sa vaste concession Présente un aspect international. Cette tour de Babel a une annexe : le dortoir, et Possède un volapuck : l’américain. Il suffit de quelques mots d’anglais prononcés par le nez pour se comprendre. Le signe de ralliement, c’est le dollar.

C’est lui qui permet à ces filles venues de tous les coins du monde de s’entendre avec ces financiers, ces gangsters, ces marchands, ces réfugiés de tous pays, ces aventuriers de tous poils, ces étudiants de tous climats, ces marins de toutes les mers, ces soldats de toutes les soldes. La puissance du dollar y est telle que Shang-Haï est la seule ville de Chine où un barbare de passage puisse, à peine débarqué, s’offrir une belle Chinoise. Partout ailleurs, un stage