Tout le monde éclate de rire.
— Il faudrait connaître le chinois, remarque Durec.
— Pas trop de choses surprenantes, je suppose ? dit l’officier anglais.
— Au contraire, protestai-je. Dites-lui que je veux un sensationnel menu cantonais.
« Lui », c’est un petit Chinois obèse : deux coups de pinceau pour les yeux, un nez invisible de face, tout cela dans une peau de tambour.
— À vos risques et périls, déclare le vice-consul.
Je m’empare des shopsticks, prends dans une des soucoupes ce que je crois être un légume, réussis à l’atteindre, le soulève : il retombe avec un bruit mou.
— Je crois qu’il vaut mieux utiliser vos doigts, conseille Durec, à moins que vous ne parveniez à m’imiter.
J’y parviens. Ce que je crois être un légume est sucré, fondant et bizarre.
— Quel drôle de légume ! dis-je.
— Ce n’est pas un légume, répond le vice-consul, mais un gros ver blanc qu’on ne trouve que dans les marais. Je ne me rappelle plus son nom.