Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit de l’empereur. Ma réponse éclaire son beau visage d’ivoire.

— Il faudra répéter à Sa Majesté ce que vous venez de me dire. Nous avons tous besoin de courage.

Un officier paraît. C’est l’heure.

En compagnie du chef du protocole, je pénètre dans un cabinet de travail très simple où un jeune homme en veston écrit assis à un bureau, à côté d’un vieux Chinois en robe, la réplique au physique du gentilhomme que je viens de quitter. Tous deux à notre entrée se lèvent et le jeune homme, en souriant, me tend la main. C’est l’Empereur. Je reconnais son juvénile visage osseux et ce regard doux et profond qu’encadrent de grosses lunettes. Un stylo dépasse la poche de son veston. Un instant plus tôt, penché sur sa table, il m’avait évoqué un de ces étudiants appliqués que j’avais vus à Pékin dans la salle des recherches de la bibliothèque Rockfeller.

Bien que Kan-Teh s’exprime parfaitement en anglais, je savais que nous causerions à travers un interprète.

— L’Empereur, m’avait-on dit, craint de commettre des fautes en parlant.