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même en pleine guerre. Je crois que si ce rapport avait été rédigé aujourd’hui, ses conclusions seraient différentes. Je suis curieux de connaître à ce sujet la pensée de l’Empereur.

— Il est temps de nous rendre au palais, me dit le chambellan.

Dans l’auto qui traverse la ville, mon compagnon me demande des nouvelles de Pékin. Il y a vécu longtemps et en a la nostalgie. Il connaît aussi Paris et Cannes où il a séjourné. Il a habité Genève lorsqu’il était à la Société des Nations, mais c’est à Canton qu’il a vécu son enfance. Je le sens malheureux d’être ici.

— Je ne retourne plus guère à Pékin, me dit-il et surtout pas dans le Sud. On m’y reprocherait d’être un traître. C’est absurde. Ma famille, depuis deux siècles, a servi la dynastie mandchoue. En suivant l’Empereur ici, je n’ai fait que mon devoir, obéi à mes traditions ancestrales. Et l’on ne me reproche pas que d’être impérialiste : on m’accuse de pactiser avec les Japonais. Mais nous avons besoin d’eux : sans leur assistance et leur exemple, les Chinois seraient incapables de rien reconstruire. Parle-t-on beaucoup de l’Empereur