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— Non, monsieur, je suis Japonais, c’est-à-dire un de vos alliés.

Et devant la mine déconfite du lieutenant, il ajouta :

— Ne vous excusez pas, c’est tout naturel. Moi-même, en temps de paix, il m’arrivait de confondre les Allemands et les Français !

Cette petite leçon cinglante me revient à l’esprit, mais ces messieurs, s’ils sont choqués, n’en laissent rien paraître. Le chambellan prend congé en me donnant rendez-vous pour le lendemain matin de bonne heure, non sans m’avoir demandé si, en vue de l’audience, je me suis muni d’une jaquette et d’un chapeau haut de forme.

M. Z…, le conseiller japonais, qui me mène à l’hôtel, me demande si j’ai dîné. Je lui réponds que n’ayant rien pris depuis le matin j’ai grand’faim et que l’on m’a recommandé un restaurant russe dont je lui indique le nom.

— Je pensais vous emmener dans un autre restaurant, me dit-il, mais puisque votre choix est fait j’y souscris avec empressement. Il va de soi que vous êtes mon hôte.

Je ne connaissais pas la discrétion et