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— Et quand croyez-vous, demandai-je en détournant la conversation, que j’aurai l’honneur d’être reçu par l’Empereur ?

Depuis trois jours que je suis à Moukden, la date de l’audience a été deux fois différée et je pressens une dernière remise. J’ai été trop optimiste en télégraphiant à Dairen pour que, sur le bateau en partance, l’on me réserve une cabine.

À ma stupeur, un éclat de rire général me répond. Je ne connais pas encore bien les Japonais et ne sais comment interpréter cet accès d’hilarité. Mieux au courant, je comprendrais qu’ils souhaitent ne pas répondre et qu’ils sont gênés. L’audience, d’ailleurs, commence à me sembler incertaine. Le colonel X…, un officier japonais, est la veille venu me voir, intrigué par le fait que, Français, je sois descendu au consulat britannique, et m’a demandé si mon « titre » était celui de reporter. Je sais que le parti militaire nippon souvent en désaccord, en Mandchourie, avec le parti civil, redoute et méprise l’indiscrète engeance des reporters et a l’horreur des journalistes.

J’ai répondu que j’étais à l’occasion journaliste et ajouté, en appuyant sur le mot, que j’en revendiquais l’honneur. Là--