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Une tristesse douce et oppressive pèse sur ces mélancoliques domaines.

— C’est notre promenade quotidienne, me dit Mme X…, la seule promenade de Moukden. Quand il fait beau, ma fille et moi nous venons ici lire ou tricoter. Je m’en contente, mais pour elle qui a dix-huit ans ce n’est pas très drôle. Et si vous saviez comme le climat est malsain. Le soleil se couche dans un ciel éblouissant et les premières étoiles scintillent.

— Il est temps de rentrer, me dit Mme X… L’auto ne marche pas très bien. L’avenue barrée nous oblige à un détour à travers champs.

— Cela nous allonge beaucoup, murmure Mme X… l’air inquiet.

— Que craignez-vous ? demandai-je en souriant. Les bandits ?

Elle me regarde sans répondre.

La route sinueuse est presque déserte. Le moteur a des ratés. Soudain deux cavaliers chinois, tête nue, galopant sur de courts chevaux mongols, débouchent d’un sentier.

— Pressez-vous ! crie Mme X… au chauffeur.

— Vous ne pensez tout de même pas,