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nois, deux par deux les cigognes, le cou tendu et les ailes droites, s’envolent dans un style d’estampe.

Pao-Ma-Chang n’est pas un village, c’est une agglomération de jardins et rarement les maisons se découvrent de la route. Il doit sa vogue au champ de courses situé à deux ou trois kilomètres. Il y a peu d’années, l’on n’accédait à Pao-Ma-Chang qu’à cheval, en chaise ou en rickshaw. Les jours de courses, la route est encore toute sillonnée de coureurs qui, sous le soleil, le torse nu et transpirant, trottent dans la poussière ou la boue tandis que, dans leurs légères voitures, parés de leurs plus belles soies, des Chinois et des Chinoises s’éventent en maintenant contre leur bouche une petite serviette parfumée.

Il faut aux coolies trois heures de trot pour atteindre Pao-Ma-Chang et ce n’est point la maigre somme convenue qui les rend insensibles à la fatigue, mais bien le pari mutuel et cette ivresse : le jeu.

La charmante femme qui me reçoit à