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pide et bleu rapproche. Voici des chèvres noires et des moutons que pique de sa longue baguette un berger dont la natte tombe plus bas que le sarong. Un mendiant dort en travers de la route qui ne se réveille que l’aumône reçue.

Chaque déplacement est une aventure. De maigres chiens féroces aboient contre l’auto. Ceux-là ne sont guère dangereux une pierre suffit à les éloigner. Ce sont les autres qui sont à craindre, les chiens tristes, muets qu’il ne faut pas fuir lorsque l’on est à pied et devant lesquels on s’immobilise.

Courbés en deux, paysannes et paysans, les pantalons retroussés, baignent jusqu’aux genoux dans leurs rizières miroitantes. Un instant ils se redressent pour vous regarder passer, sourient et retournent à leur minutieux labeur. Aux moissons succèdent des plaines de bambous que l’on peut côtoyer encore mais que l’on évite l’été lorsque les tiges ont poussé car, hautes comme des forêts, elles servent de maquis aux bandits.

Les ombres de milliers d’oiseaux pointillent les rizières. Des nappes de corbeaux montent et retombent et, dans le ciel chi-