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d’une admiration sincère. Ce n’est pas un faux, c’est un hommage. L’artiste ne serait à blâmer que si son travail, inférieur à celui du créateur, déparaît le chef-d’œuvre : le faux commence à l’imperfection.

Un ami, à Pékin depuis vingt-cinq ans, qui parle couramment le chinois et passe chaque jour deux ou trois heures chez les antiquaires, possède parmi d’incomparables bibelots un cavalier ming qui, en robe verte et jaune, maîtrise, assis sur une selle rose, un étalon cabré. Lorsque je me rendais chez lui, je ne me lassais pas de contempler ce groupe qui est une merveille.

— De quand date-t-il ? lui demandai-je un jour.

— Mille ans environ.

— Authentique, naturellement ?

— Non. Autrefois, le cheval s’appuyait sur trois jambes. Les antérieures ont été refaites. Je connais l’artiste qui a exécuté ce travail.

— Les antérieures étaient donc cassées ?

— Du tout.

— Mais alors ?

— Alors Wan, c’est le nom de l’artiste, a trouvé qu’un cheval cabré c’était plus joli. Et en effet, ajouta mon ami, devenu