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« Hélas ! » dit Anselme, « ses derniers momens sont toujours présens à ma pensée. Les pratiques du cloître où elle s’était retirée n’ont pu jamais la distraire des douleurs maternelles, et, quoique vouée à Dieu, elle ne priait, ne respirait que pour ses enfans. Souvent elle me parlait de Cécile, comme si elle était vivante, comme si je pouvais encore aider son enfance de mes soins. J’étais contraint d’attribuer cette erreur à l’égarement de son esprit vaincu par le chagrin. Mais combien de fois m’a-t-elle supplié de consacrer ma vie à la recherche et au soutien d’un frère qu’un amour précoce de l’étude tenait depuis quelque temps éloigné de nous ! « Macaire, » disait-elle, « est perdu pour moi ; mes yeux se fermeront avant que je puisse le revoir. Puisses-tu ne pas mourir comme moi, séparé de ton frère ! je t’en conjure, Anselme, ne songe jamais à moi sans songer à lui. Les années de votre enfance ont été les seules de ma vie que je ne regrette point. N’épargne ni